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maîtres éminents, MM Christian Pfister et Charles Diehl, il fit partie de ce séminaire d’études historiques qui, tous les ans, obtenait régulièrement deux ou trois places sur huit au concours de l’agrégation ; rompu à cette gymnastique spéciale, à ce dressage de l’érudition, de la recherche et de la critique historiques, ce genre de travail n’eut bientôt plus de secrets pour lui. Il passa le concours comme une lettre à la poste. À Paris, à l’École des Chartes, ses mailres de prédilection furent encore les maîtres sévères, un Monod, un Paul Meyer. Cet enseignement continua à l’école du Palais Farnèse, sous la haute direction de Mgr Duchesne.

Mais quelle que soit sa dette envers de tels guides, qui l’initièrent à la méthode et lui mirent l’outil entre les mains, celui qui a le plus fait pour tixer ses idées, ce fut son professeur des Sciences politiques, l’illustre penseur Albert Sorel. C’est à lui qu’il dédia la Rome de Napoléon. Sans doute, une œuvre d’histoire étant plus que toute autre une œuvre complexe, où nul ne peut se llalter d’avoir tout vu à lui tout seul, il n’y a guère un historien à qui M. Madelin ne doive quelque chose ; de M. Lavisse à M. Aulard et de M. Chuquet à M. Frédéric Masson, quiconque s’est occupé des études révolutionnaires et napoléoniennes a été consulté et écouté par lui. Des rapports particulièrement étroits l’unissaient à Henry Houssaye. C’est au jeune historien que ce parfait artiste en mourant confia son dernier ouvrage et commit le soin d’achever son livre sur léna, l’écrivain patriote, après avoir conté les derniers jours de l’épopée, ayant voululse donner la joie de couronner son œuvre par un récit de victoire. La plume lui échappa à la moitié du livre, et c’est M. Madelin qui la recueillit de ses mains, en consacrant à sa mémoire une préface qui est un des morceaux les plus achevés qu’il ait écrits.

Toutefois, et quoiqu’il ne lui ait pas été attaché par des liens aussi intimes, il doit davantage à Albert Sorel. Ce grand esprit est entre tous celui qu’il se plaît à saluer pour maître. Celui-là est parmi nous l’héritier de Montesquieu. L’idée centrale de Sorel dans son puissant système de l’Europe et la Révolution, à savoir l’unité de notre histoire nationale, le spectacle de la Convention continuée par Napoléon et continuant elle-même l’œuvre des rois de France, l’idée de grandes lois politiques sorties de la nécessité des choses et s’imposant aux