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du 17 janvier, la France ait un gouvernement et reçoive d’en haut l’impulsion ferme qu’elle attend.


Le gouvernement et les Chambres ont été d’accord pour juger que, sans attendre la un des opérations électorales et la constitution d’un nouveau cabinet, il était indispensable d’indiquer les grandes lignes d’un programme financier. Nous n’avons pas encore de budget pour l’année 1920 et c’est regrettable. Mais il faut vivre, il faut assurer la marche des services publics, il faut payer les dépenses courantes, il faut pourvoir aux dépenses extraordinaires qui résultent de la guerre. Avant même de rien faire connaître du budget de 1920, M. le Ministre des finances a donc demandé au Parlement de voter trois douzièmes provisoires dont le total s’élève à douze milliards et d’autoriser le prochain emprunt. À la Chambre comme au Sénat, les rapporteurs n’ont pas manqué de signaler ce que cette méthode avait de contestable, mais cette remarque était toute théorique et semblait destinée à maintenir, au moins dans les circonstances exceptionnelles, le souvenir et le respect des règles dont l’époque présente n’a pas rendu l’application possible. Le débat qui a été très court a surtout eu pour objet de permettre au gouvernement de s’expliquer. M. Klotz a saisi cette occasion de faire au Palais Bourbon un exposé complet de notre situation financière : il s’est adressé non seulement à la Chambre, mais au pays tout entier, et il a eu bien raison.

Dans un régime d’opinion, la meilleure méthode consiste à expliquer les faits avec sincérité, et avant de demander un effort aux contribuables, de leur dire la raison des charges qui leur sont imposées. Le ministre a éclairci tout ce qui relevait directement de son département. Il a été beaucoup plus réservé sur tout ce qui touche la politique générale ; il a considéré que les explications de cet ordre ne lui appartenaient pas, et c’est un sentiment qui se comprend, mais certaines questions demeurent posées. La situation financière de notre pays, telle qu’elle paraît aujourd’hui, est en fonction de la guerre et de la paix. Elle est dominée par un fait : qu’avons-nous exigé de l’ennemi ? Que nous paiera-t-il ? C’est le point obscur de l’avenir, il faut l’avouer avec franchise. M. le ministre des Finances a posé en principe avec énergie que les gouvernements futurs avaient pour premier devoir d’assurer le remboursement des sommes qui nous sont dues. En fait, quels sont ces remboursements ? L’Allemagne doit verser une première somme fixée à 20 milliards de marks en