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regarder plus derrière soi que devant soi ; que l’armée italienne pouvait et devait arrêter l’invasion ; que la ligne de la Piave devait, à défaut de celle du Tagliamento, être défendue et conservée ; qu’il n’y avait aucune raison pour envisager un repli sur l’Adige, le Pô, ni le Mincio. Et ce n’est pas le moindre service qu’il ait rendu à l’Italie et aux Alliés, que d’avoir fait passer dans l’âme de tous ceux avec qui il a été en contact, à Padoue, à Rome, à Rapallo, son optimisme de bon aloi, sa confiance justifiée dans les facultés de résistance et dans la combativité du soldat italien dont il a toujours fait le plus grand cas. Cela ne diminue en rien le mérite qui revient au général Cadorna et à son successeur, le général Diaz, dans la manière dont a été opéré par eux, sur la Piave, ce qu’en langage technique on appelle un « rétablissement. » Mais il ne convient pas d’accroître indûment ce mérite, qui n’en a pas besoin, en attribuant au maréchal Foch un conseil de timidité qu’il n’a jamais donné et contre lequel proteste tout ce qu’on sait de son caractère et de ses principes.

On n’a pas l’intention de retracer ici les opérations du corps expéditionnaire français en Italie. Pour montrer l’efficacité de sa participation, il suffira de rappeler le brillant succès du Mont Tomba, position qui avec le Mont Grappa, enlevé par les Italiens, commande la trouée comprise entre la Piave Supérieure et la Brenta ; le rôle glorieux de notre 12e Corps d’Armée dans la victoire défensive de juin 1918, quand, dans la région où il opérait en liaison avec des troupes anglaises d’un côté, et italiennes de l’autre, il fut le seul à maintenir intégralement ses positions sous le premier choc ; son action vigoureuse dans la victoire de Vittorio-Veneto, quand, compris dans la 12e Armée placée sous les ordres de notre général Graziani, il eut l’honneur de fournir le régiment qui força le premier le passage de la Piave. Jusqu’au terme des hostilités, notre concours militaire a donc dû à l’excellente qualité de nos troupes et aux talents de leur commandement une valeur à laquelle les Italiens se sont d’ailleurs plu à rendre hommage.