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incertaines, de limiter ce renfort au nombre des divisions nécessaires pour parer au danger de ce côté. Le maréchal Foch avait toutefois « trop d’avenir dans l’esprit, » pour ne pas se réserver de faire, plus tard, un usage offensif du front italien. Peut-être est-ce pour cela, avec l’intention d’exploiter largement un succès éventuel du général Diaz, qu’il lui conseillait d’attaquer, dès le mois de mai 1918, sans attendre le choc autrichien, et plus tard, de juillet à fin, octobre de la même année. Les circonstances en ont disposé autrement. Ce n’est que dans l’ultime phase de la guerre qu’elles ont associé les cinq divisions anglo-françaises présentes en Italie à l’action décisive qui a jeté l’Autriche aux pieds de l’armée italienne. Et l’armistice avec l’Allemagne a, comme on l’a fait observer, presque aussitôt prévenu le développement contre elle des opérations rendues possibles par cette victoire.

Les alliés de l’Italie n’ont donc pu tirer, en ce qui les concerne, qu’un tardif et insuffisant parti de l’apport qu’en intervenant dans la guerre, elle leur avait fait de son front pour une offensive interalliée de grand stylo.


X. — EN ALBANIE ET EN MACÉDOINE

En traçant ce que nous avons appelé le schéma de la coopération militaire italienne, nous avons indiqué que l’Italie a combattu l’ennemi commun en Albanie et en Macédoine.

A l’époque de sa neutralité, en décembre 1914, le Gouvernement italien avait fait occuper par ses troupes le port de Vallona, en Albanie, pays sur lequel il avait des visées dès lors connues, et depuis lors reconnues par les Puissances de l’Entente. Il avait été spécialement attiré à Vallona par l’importance stratégique de la position, pour la maîtrise de l’Adriatique et la sécurité de la côte italienne. Purement politique dans son principe, cette occupation est devenue, après l’intervention, la base d’une action militaire.

A la fin de novembre 1915, pressé par ses alliés de s’associer à leurs opérations en Macédoine, le Gouvernement italien a préféré entreprendre de son côté, par la côte albanaise, une action indépendante, qui était loin d’avoir pour eux la valeur qu’aurait eue sa participation à l’expédition de Salonique, mais qui pouvait néanmoins attirer par là quelques forces