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autrichiennes. Il a augmenté d’une division le contingent débarqué en décembre précédent à Vallona, et fait occuper, en outre, par une brigade, le port de Durazzo. L’influence de cette diversion sur les opérations dans les Balkans est restée minime, à cause de l’étroit rayon auquel l’action militaire italienne a d’abord été restreinte et qui n’a pas, de longtemps au moins, dépassé les environs immédiats de ces deux points. L’Autriche y a fait face, sur le moment, avec peu de forces et principalement avec des moyens de fortune, des irréguliers recrutés dans le pays[1].

Maintenue pendant sept mois, l’occupation de Durazzo a pris fin en juin 1916. Quant à l’occupation de Vallona, elle a été conservée et le contingent italien progressivement augmenté, en 1917 et 1918, jusqu’à compter près décent mille hommes.

Eu égard à un effectif aussi considérable, l’action militaire de ce corps expéditionnaire apparaît relativement faible. Etendant peu à peu son rayon d’action au Sud-Est de Vallona, il a opéré sa jonction à l’Est avec l’armée d’Orient et permis aux Alliés l’établissement d’un front, sinon continu, au moins jalonné d’éléments en liaison les uns avec les autres, de la mer Egée à l’Adriatique. C’est là un résultat qui n’a pas été négligeable, à cause des facilités de communication qu’il a offertes à l’armée d’Orient à travers la région que les Grecs appellent « Epire du Nord, » et les Italiens « Albanie du Sud. » En effet, grâce à la jonction du corps expéditionnaire du général Ferrero avec l’armée alors commandée par le général Sarrail, il est devenu possible de remettre en état et d’exploiter une route carrossable partant des Santi-Quaranta, sur la Mer Ionienne, passant par Koritza et aboutissant à Monastir, route qui a rendu des services à nos troupes de Macédoine et de Salonique, si mal partagées sous le rapport des communications.

Au Nord, l’action du corps Ferrero est restée, jusqu’en juillet 1918, circonscrite à la périphérie même de Vallona[2]. Son immobilité de ce côté, pendant tout ce temps, a été expliquée par les difficultés d’un terrain assez escarpé, qui rendaient malaisés les transports de matériel et l’avance des convois, et qui permettaient aux Autrichiens de le masquer sans trop de

  1. Plus tard avec un groupe mixte d’unités métropolitaines et d’éléments irréguliers.
  2. Bien que ce point fût très en retrait par rapport au niveau de Monastir, atteint par l’armée d’Orient dès novembre 1916.