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française qui a tenu en respect et réduit à l’impuissance la flotte austro-hongroise, assumé les risques des croisières, les sacrifices de vies humaines et de matériel, fait les inévitables écoles, qui ont été nécessaires pour interdire la Méditerranée aux bâtiments autrichiens et tenter de les débusquer de leurs repaires adriatiques. Par conséquent, lorsque l’Italie est entrée en guerre, elle a bénéficié de ce qui avait été fait auparavant ; elle a recueilli une succession nette et entrepris à son tour la tâche au point où nous la laissions. L’a-t-elle assumée tout entière ?

A priori, on est tenté de croire qu’en intervenant dans le conflit, l’Italie a pris à son compte la guerre navale contre l’Autriche-Hongrie, c’est-à-dire le soin de bloquer la flotte austro-hongroise, qui s’était, comme la flotte allemande, réfugiée dans ses ports, et qu’elle a, par suite, complètement déchargé de cette mission les marines anglaise et française. En réalité, il n’en a pas été ainsi. L’article 3 de la Convention de Londres a stipulé au contraire que les flottes de France et d’Angleterre prêteraient leur concours actif et permanent à l’Italie, jusqu’à la destruction de la flotte austro-hongroise ou jusqu’à la conclusion de la paix, et qu’une convention navale serait immédiatement conclue à cet effet entre les trois Amirautés.

Cette convention navale a en effet été signée au début de mai 1915. Elle a prévu le maintien dans les eaux italiennes de 12 contre-torpilleurs français, d’au moins six sous-marins français, de 4 croiseurs légers et 4 cuirassés anglais. Ces huit dernières unités devant être prélevées pur l’Angleterre sur ses forces navales employées aux Dardanelles, 4 croiseurs et cuirassés français y ont alors été envoyés pour les remplacer. Aux termes du même accord, une escadrille d’aviation de la Marine a été mise par la France à la disposition du port de Venise, en plus de l’escadrille, d’avions déjà détachée par le Ministère de la Guerre pour coopérer à la défense aérienne de cette ville. Enfin les obligations contractées par la Marine française ont comporté aussi la fourniture de torpilleurs, dont elle a maintenu huit à Brindisi jusqu’en avril 1916, et de dragueurs de mines. Il n’a pas, à vrai dire, été affecté à l’Italie de dragueurs spéciaux ; mais nos contre-torpilleurs à pétrole, étant équipés pour le dragage, s’en sont acquittés au besoin ;