Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 56.djvu/417

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

40 centimes. Aujourd’hui, c’est à ce prix que débute, à sa sortie de l’école primaire, un enfant de treize ans, ignorant tout de la profession à laquelle il se destine. On doit en outre lui assurer une augmentation de 0 fr. 10 par heure tous les quatre mois, pour arriver au salaire minimum de 2 francs l’heure à l’âge de 18 ans.

Pour la brochure des volumes, revues et magazines, l’ascension des prix n’est pas moindre. Tandis que, en 1914, un ouvrier brocheur recevait 7 fr. 50 par jour pour 10 heures, aujourd’hui il en touche 23 pour 8 heures. A l’ouvrière brocheuse dont, avant la guerre, la journée de 10 heures était payée 4 fr. 50, il faut donner en ce moment 10 fr. 40 pour 8 heures. Et une circulaire des patrons brocheurs, en date de ces derniers jours, nous avertit que le nombre des ouvrières brocheuses se raréfiant par suite des hauts salaires qui leur sont offerts dans d’autres industries, tous les tarifs devront encore une fois être remaniés ; entendez par-là : augmentés.

La photogravure, c’est-à-dire la reproduction mécanique des dessins, gravures, photographies, etc., dont on se sert, aujourd’hui dans la proportion de 98 p. 100 pour nos livres illustrés et dont on ne peut se passer pour les volumes destinés à l’instruction de l’enfance, — subit une progression équivalente, sinon supérieure des salaires. Elle est d’autant plus grave que la plupart des produits indispensables à cette industrie valent actuellement 3, 4, 5 fois plus cher qu’en 1914 et que même le prix de certains d’entre eux a décuplé. Aussi la marge des bénéfices s’est tellement rétrécie qu’elle ne semble vraiment plus laisser la possibilité d’augmentations nouvelles.

Voici, pour les diverses spécialités de cette profession, une comparaison aussi précise que nous avons pu l’établir, entre les salaires de 1914 et ceux de fin 1919 :


Salaires d’avant-guerre (pour 9 heures de travail) Salaires actuels (pour 8 heures de travail)
francs francs
Photographes de trait) (c’est-à-dire des dessins au simple trait 11 de 18 à 20
Photographes de « simili' » (c’est-à-dire des dessins au simple trait) de 13 à 14 de 33 à 26
Photographes de couleurs (c’est-à-dire des objets que l’on reproduit par le procédé dit des trois couleurs) de 15 à 16 26
Émaillistes (c’est-à-dire les reporteurs des pellicules sur les plaques de zinc préparées par eux de 11 à 12 de 20 à 22
Similistes (c’est-à-dire ceux qui gravent et retouchent les images sur les plaques) 12 de 20 à 22
Chromistes « 14 26
Graveurs « 11 de 20 à 22
Imprimeurs en noir (pour les épreuves d’essai) 12 de 20 à 22
Imprimeurs en couleurs (pour les épreuves d’essai) de 13 à 14 de 22 à 24
Monteurs des clichés (pour l’impression sur presses typographiques) de 10 à 11 de 20 à 25