Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 56.djvu/422

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

revient environ à 0 fr. 10 par exemplaire, au lieu de 2 à 3 centimes avant la guerre.

Une fois le livre fabriqué, il faut le brocher. Pour ce travail encore, la hausse est considérable. Continuons à donner en exemple notre volume ordinaire de 320 pages, imprimé en format quadruple-couronne, c’est-à-dire comportant 20 cahiers de 16 pages. En 1914, le brochage d’un tel volume coûtait 72 fr. 20 par mille exemplaires. Aujourd’hui il revient à 200 francs pour la même quantité.

Arrivons a la photogravure dont l’emploi est indispensable pour les livres d’enseignement, de sciences, d’art, de vulgarisation. Même si le salaire des ouvriers ne s’était pas fortement élevé, les prix de la reproduction mécanique des images se seraient accrus d’une façon très sensible, en raison de la hausse continue des produits nécessaires à ce genre de travaux. Mais nous avons indiqué dans quelle importante mesure le paiement de la main-d’œuvre s’est augmenté dans cette profession. Voici les résultats de cette double majoration du prix du travail et des matières premières. En 1914, la gravure de trait se payait de 0,019 à 0,025 le centimètre carré ; en 1919, elle coûte 0,07 le centimètre carré et 0, 08 avec « grisé. »

Avant la guerre le prix de la similigravure (c’est-à-dire de la reproduction avec les teintes et les demi-teintes qui donnent les jeux d’ombre et de lumière, les valeurs, l’éclairage) était de 0,075 millimes à 9 centimes le centimètre carré. Aujourd’hui il faut compter, par centimètre carré, 0,18 centimes pour les clichés carrés, 0,19 pour les clichés ronds et 0,21 pour les clichés détourés. On se représente facilement l’énorme majoration de frais qui, pour tous les livres et publications à images, résulte d’une telle hausse. Elle s’ajoute à celle, si importante, des prix de la composition, du tirage et du brochage dont nous avons fait voir la montée progressive.

Enfin, pour être renseigné complètement sur le coût d’un volume, il faut indiquer un dernier chiffre : celui des droits qui reviennent en toute justice à l’auteur du livre, à l’écrivain dont la création primordiale permet tous ces travaux manuels. L’intelligence, le talent, le savoir, la création littéraire qui exige tant d’années d’études et un labeur sans arrêt, sont loin de recevoir une rémunération équivalente à celle de la fabrication matérielle. Selon la qualité de l’auteur, ces droits