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spirituelles, entame des pourparlers avec le ministre Noguier et fait aux Protestants du Midi des ouvertures que le ministre Claude fait repousser au synode provincial de Nîmes. En 1662, à Sedan, le maréchal Fabert, non moins zélé que le prince de Conti, essaie d’aboucher les Jésuites ses amis, en particulier le P. Adam, avec les ministres Le Vasseur, de Saint-Maurice et Le Blanc de Beaulieu. Et encore que ces trois ministres fussent de ces modérés, « ennemis de la polémique passionnée » qui se plait à creuser des abimes[1], — encore que Le Blanc de Beaulieu, notamment, fût homme à « rétrécir extrêmement, » comme écrit le protestant Saurin, « les espaces qui séparent » le protestantisme de l’Eglise romaine, « réduisant presque à rien des-controverses très importantes, » — ces trois ministres avaient fini par se dérober. Bien d’autre, semble-t-il, jusqu’en 1666, où deux projets se développèrent, celui de l’intendant Pellot, dont nous parlerons plus loin et celui qui, du reste, fut le premier en date, de Bossuet et de Ferry.

Comment Bossuet fut-il appelé à traiter de la « Réunion » avec Paul Ferry ? Nous ne le savons pas au juste. Fut-il officiellement commissionné par le Conseil de la Réunion dont son historien Floquet, — toujours porté a ennoblir ce qui advint à son héros, — imagine à tort qu’il faisait partie ? Fut-il, au contraire, ecclésiastiquement, si je puis dire, délégué ? Il y avait alors, comme il l’écrit lui-même, un « grand nombre » de théologiens catholiques qui « étaient résolus de chercher les occasions de ces matières avec les ministres[2]. » « Ils tenaient des assemblées » où l’on traitait des moyens de ramener les esprits, et où « des personnes d’autorité avaient bon ordre de tout écouter[3]. » Un abbé Péan de la Croussardière, un des fondateurs de l’établissement des Nouvelles catholiques, s’était fait, avec l’approbation de Mgr de Péréfixe, — et peut-être sous l’inspiration de la Compagnie du Saint Sacrement, — le directeur de cette école de controverse, apparentée à la Compagnie, naissante alors, de la Propagation de la Foi. Il n’est du reste pas besoin de supposer qu’il reçut

  1. Haag, France protestante, t. VI, 453.
  2. Corr., I, p. 162.
  3. Corr., I, 447-449. Cf. l’abbé Vogt, édition de l’Exposition de la Doctrine catholique de Bossuet, p. 15-16 ; et notre ouvrage, Bossuet historien du protestantisme, tout le chapitre premier spécialement, p. 19-22, p. 68-93.