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comment finit la guerre.

résultat des pertes énormes, qui, pour une seule division, atteignent les trois quarts de l’effectif. Les deux corps de gauche sont compromis par l’échec du centre. Celui de droite avait pu arrêter son recul grâce à la résistance de la 3e armée à Virton et à Ethe. Les renseignements arrivent tardivement au général de Langle ; il croyait, dans la nuit du 22 au 23, pouvoir reprendre ses attaques, et c’est seulement le 23 à onze heures qu’après hésitation il donne l’ordre de battre en retraite.

L’armée Ruffey n’avait pu progresser, mais elle était moins éprouvée, malgré les durs combats soutenus par sa gauche, et elle restait en mesure de reprendre l’attaque. Elle a à sa droite l’armée de Lorraine récemment formée sous les ordres du général Maunoury pour masquer la place de Metz et ultérieurement l’investir. La capture d’ordres allemands le 23 annonçait le mouvement d’un corps allemand contre la 3e armée, combiné avec celui d’une brigade venant de Metz ; après quelques hésitations, le G. Q. G. permit au général Maunoury d’attaquer de flanc ces colonnes le 23, et de les rejeter en désordre vers l’Est. Mais ce succès resta tout local ; l’armée Ruffey avait reçu l’ordre de se replier derrière la Meuse et deux divisions de l’armée Maunoury s’embarquèrent pour la Somme, où leur présence était nécessaire.


Le corps de cavalerie du général Sordet, très fatigué par son raid vers Liège, s’était replié en arrière de la Lesse, suivi par le corps de cavalerie von der Marwitz ; les cavaleries s’étaient tâtées ; à cheval, les Français s’étaient trouvés indiscutablement supérieurs aux Allemands. Aussi von der Marwitz avait-il prescrit d’employer la tactique de l’ « envoilement, » étudiée longtemps d’avance. Sur tout son front s’étendait une ligne de petits postes solidement défendus par des cyclistes, des fantassins ou des cavaliers pied à terre. Quelques patrouilles à cheval amenaient devant eux nos escadrons qui étaient décimés à loisir par le tir des hommes postés. À l’abri de ce réseau, von der Marwitz fit filer tout son corps de cavalerie vers la Meuse. Le général Sordet, prévenu de ce mouvement, ne jugea pas à propos de profiter du passage que son infanterie d’appui lui ouvrait au nord de la Lesse et alla repasser la Meuse à Hastières le 15, tandis que la cavalerie allemande, soutenue par