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L’industrie, — et il faut y comprendre les grands services publics, nationaux ou municipaux, tels que les chemins de fer, les tramways et métropolitains (pour la production de l’électricité motrice), les compagnies de gaz et d’électricité, — l’industrie, dis-je, se montrera certainement plus docile, à la condition, bien entendu, que l’emploi du pétrole lui apparaisse plus économique, ou, tout au moins, qu’à égalité du prix de la calorie, elle soit amenée à considérer comme plus certaine, plus régulière, la fourniture du combustible liquide.

Or, c’est bien ainsi que, d’ores et déjà, la question se présente. Mais avant d’insister sur ce point, disons un mot de l’adaptation du pétrole, — ou du mazout, — au service d’une industrie particulière, celle de la navigation commerciale, dont l’importance vitale, pour la nation, n’a plus besoin de démonstration. Lorsque, peu de temps après l’organisation par nos ennemis de la guerre sous-marine, je demandais ici-même que l’on se hâtât de mettre en construction des « cargos » d’un type bien choisi et pourvus de dispositifs assurant au moins une insubmersibilité relative, j’exprimais en même temps le vœu que ces bâtiments fussent pourvus de machines à combustion interne, ne fût-ce que pour compenser certaines perles sur le tonnage utilisable causées justement par les dispositions intérieures auxquelles je viens de faire allusion.

Ces machines, en effet, dérivant toutes de la Diesel, dont nous parlerons tout à l’heure, sont beaucoup moins encombrantes que les machines à vapeur, que celles, même, qui utilisent le pétrole comme combustible pour les chaudières.

J’ignore si ces avis ont été goûtés, théoriquement, du moins. Pratiquement, je ne crois pas qu’ils aient été suivis. Le nombre de nos navires de commerce, — à part les grands voiliers « à moteur, » où ce moteur n’est qu’un auxiliaire de circonstance, employé surtout pour franchir des zones de calme, par exemple, — dotés de machines à combustion interne est resté très restreint. La routine l’a emporté sur les enseignements de la guerre, qui ont révélé, ne fût-ce que par le nombre de milles « couverts » par les sous-marins, les chalutiers, les navires légers de toute sorte, sans parler de paquebots et cargos étrangers[1], la haute valeur et la sûreté de marche des moteurs qui nous occupent.

  1. Les Scandinaves et les Hollandais ont depuis assez longtemps déjà des navires à moteurs. Les Italiens en construisent beaucoup en ce moment.