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commencé par le soc de fer. Un autre jour, à la même époque, Assise célébrait la fête de son patron. Fête religieuse et populaire, dans le genre de celle que nous décrit M. Pierné. Mais le caractère en était un peu différent. Au coin des rues, sur des tréteaux, se débitait par tranches dorées la chair des petits cochons rôtis. Et le soir, à l’église, après le « salut, » un vigoureux ténor attaqua la cabalette fameuse : « Di questa pira, » du Trovatore !

A propos de musique d’église, — ou soi-disant telle, — « un bruit assez étrange » se répand à Paris. Accueillons-le, comme on dit, « sous toutes réserves, » mais avec un commencement d’espoir. Il n’est pas impossible que les exigences pécuniaires des chanteurs d’église, ou des chanteurs à l’église, rendent bientôt leur service impayable, et par conséquent impossible. Alors ? Alors, il faudrait recourir au chant des fidèles eux-mêmes. Et celui-ci ne saurait être que le chant grégorien, le chant liturgique par excellence. Un maître de chapelle que nous connaissons a déjà commencé d’entreprendre, en cet ordre-là, l’éducation vocale et chorale de ses paroissiens, y compris ses paroissiennes. Ainsi, juste retour, ou détour, des choses d’ici-bas, la nécessité finira peut-être par imposer une réforme à laquelle s’opposent trop souvent encore l’ignorance, l’indiscipline et la mauvaise volonté.


Ah ! qu’il est doux d’avoir un frère
Pas trop sévère,
Pas trop sévère !


Cela se chantait autrefois, sur un air charmant, dans le Roi l’a dit, de Léo Delibes. C’était vrai de Delibes lui-même. Et, comme de M. Gabriel Pierné, c’est vrai de M. André Messager… Allons ! Voilà que nous venons d’en nommer encore un, de ces musiciens que nous voulions taire. Musiciens de notre race, de notre famille, et vraiment nos frères, l’auteur de Véronique et de la Basoche n’est pas le moins aimable de ceux-là. Véronique, reprise après la Basoche, nous a fait également un sensible plaisir. Oui, sensible d’abord, dont l’oreille, la première, a sa part. Plaisir spirituel aussi, l’esprit, on le sait, n’ayant pas coutume de manquer à la musique de M. Messager. Les mouvements du cœur même, oh ! non pas certes ses grands mouvements, ne lui sont pas non plus inconnus. Et tout cela forme un agréable mélange, un accord et comme un tempérament harmonieux. Opéra-comique, opérette, Véronique se partage entre les deux genres et passe de l’un à l’autre sans effort et sans disparate. Le style