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Sur le champ de bataille de Verdun, la fin du mois de juin avait vu l’arrêt de la progression allemande par les contre-attaques françaises. Le terrain gagné d’un seul coup le 23 juin était repris pied à pied ; aux abords de l’ouvrage de Thiaumont la lutte restait toujours aussi rude ; les oscillations du front diminuaient d’amplitude, mais le sens du mouvement s’établissait vers le Nord, au détriment de l’assaillant. L’ouvrage, — ou plutôt la petite bosse qui marquait l’emplacement de l’ouvrage, — était pris et repris au point qu’il changea seize fois de maître au cours de l’été ; les légères avances que la ligne allemande avait poussées au delà des crêtes étaient réduites peu à peu et, de ce côté, l’initiative de l’attaque appartenait aux Français.

Vers Fleury-Souville au contraire, l’offensive allemande continuait à progresser légèrement. Les Français avaient été rejetés presque complètement du village, qu’ils avaient repris en partie le 27 juin. Le kronprinz remonta une forte attaque contre le fort de Souville ; le 11 juillet, après une violente préparation d’artillerie et une projection d’obus asphyxiants qui encageait le terrain d’attaque, il lança treize régiments appartenant à cinq divisions différentes depuis les pentes Est de Thiaumont jusqu’au bois de Vaux-Chapitre. L’attaque progressa un peu le 11 ; très peu le 12 ; pourtant un petit détachement fut capturé sur la superstructure du fort de Souville. Quelques contre-attaques montées à l’improviste avaient limité le gain de cette puissante offensive, très coûteuse en hommes, à une profondeur de 400 mètres au Sud de Fleury, sur une largeur de 800 m. À force de ténacité, une contre-attaque bien montée reprit tout le terrain perdu en faisant des prisonniers. À partir du 20 juillet, ce sont les Français qui attaquent, devant Souville comme autour de Thiaumont.

Depuis le 11, le commandement du général Mangin s’est étendu sur ce secteur, et cette unité d’action permet de puissantes concentrations de feux. Les attaques locales peuvent être précédées de préparation sur un grand front, qui laisse l’ennemi indécis sur le point précis où l’action va se dérouler. Souvent plusieurs attaques se produisent en même temps à plusieurs kilomètres de distance. Ces petites opérations sont organisées dans le détail, et les nombreux prisonniers faits sur tout le