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comment finit la guerre.

veau. C’est alors que Hindenburg et Ludendorff, qui ont pris le commandement le 29 août, constatent l’impossibilité de mener activement la lutte sur les deux théâtres d’opérations et renoncent à celui de Verdun. Comme une première barrière a été reconstituée en avant de la citadelle française et que le commandement français prépare une offensive d’ensemble et cesse les actions de détail, une accalmie se produit à Verdun.

Elle coïncide avec un redoublement d’activité sur la Somme par l’entrée en action de la 10e armée Micheler, qui étend le front français vers la droite et augmente l’usure allemande. La 6e armée Gough joue le même rôle à la gauche anglaise.

La Roumanie est entrée en ligne le 28 août et envahit la Transylvanie où l’appellent ses fils soumis au joug de l’Autriche, dont les troupes sont promptement refoulées. En même temps elle avance en Dobroudja, qu’elle libère des Bulgares. Mais cette intervention était bien tardive, particulièrement au point de vue militaire ; car l’offensive de Broussiloff touchait à sa fin ; en outre, c’était contre la Bulgarie qu’il eût fallu marcher, afin de donner la main aux armées de l’Entente débarquées à Salonique. Mais le Président du Conseil des Ministres russe Stürmer insistait pour qu’on ménageât la Bulgarie, et promettait un important concours militaire, qui ne vint pas. Les Empires centraux virent la nécessité de mettre hors de cause ce nouvel adversaire et de s’assurer les ressources roumaines en blé et en pétrole. Avec le concours effectif des troupes allemandes et de leurs états-majors, les armées roumaines furent refoulées de Transylvanie en septembre ; en novembre, Falkenhayn passait les Carpathes, puis Mackensen le Danube. Le 7 décembre, Bucarest était pris après une grande bataille et l’armée roumaine retraitait sur le Sereth, où elle se reforma.

L’armée alliée d’Orient, sous les ordres du général Sarrail, avait recueilli l’armée serbe ; elle ne put entrer en action qu’au milieu de septembre pour une avance qui l’amena à Monastir. Les troupes turques étaient attirées en Asie par l’avance du grand-duc Nicolas en Arménie et par la marche des Anglais vers Bagdad, et leur action en Europe se trouvait diminuée de beaucoup. Pour la scène finale, le rideau se relève sur le décor de Verdun, où les victoires du 24 octobre et du 15 décembre consacrent la ruine des espérances allemandes de l’année 1916, qui s’était annoncée si belle pour les Empires centraux.