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par la Hollande. Tout le reste, soit 14 régions de corps d’armée, plus de 150 000 hommes par les ports allemands. » C’est ce que j’annonçai à tous par ma note d’arrivée du 8 décembre. Les transports de Bavière par la Suisse, et ceux du Rhin par bateaux fluviaux sur la Hollande furent mis en train rapidement grâce au concours de nos représentants dans ces pays. Mais les évacuations par les ports allemands n’eurent pas le même succès.

A tous les délégués je disais : « A mon départ de Paris, il y avait déjà deux grands bateaux à Brest, prêts à venir vous chercher avec 8 000 places. À mon passage à Spa, les Allemands m’ont dit que le port de Hambourg est accessible. J’ai lu le 6 décembre, en effet, dans les journaux allemands, que des bateaux allemands étaient sortis pour aller chercher en Angleterre les équipages de livraison des bateaux de guerre. Donc le premier bateau va arriver, peut-être demain, peut-être aujourd’hui. Dès qu’il arrivera, je le télégraphierai partout, et, une fois commencé, cela roulera, je vous le promets. » Et les jours passaient, et rien n’arrivait, et je ne savais pas pourquoi.

J’apprenais même qu’un paquebot italien, prêt à Brest pour venir chercher des prisonniers dans les ports, était retourné en Italie ; que les bateaux français qu’on m’avait dit destinés à Hambourg étaient partis pour Rotterdam. Voyant cela et pensant que c’était la pénurie de bateaux qui causait ce retard, j’obtenais, ce que j’avais déjà trouvé amorcé au passage à Spa, la réquisition des bateaux allemands ; mais il fallait les mettre en état. Je n’ai su que plus tard pourquoi le premier vapeur français n’est arrivé à Hambourg que le 24 décembre. D’abord les Anglais n’avaient pas permis la navigation de suite. Puis la foule des prisonniers évacués par le Rhin sur la Hollande était telle qu’elle absorbait tous les bateaux disponibles.

Ma situation devenait intenable. La patience se lassait devant mon mutisme. Les Allemands me disaient que jamais ils n’avaient considéré comme sérieuse l’organisation prévue des transports fluviaux par l’Elbe, l’Oder, vers les ports de mer, qu’ils n’auraient pas un bateau pour cela, que d’ailleurs les fleuves gelaient en décembre, que les transports ne pouvaient avoir lieu que par voie ferrée, et qu’ils n’avaient pas de matériel pour les exécuter. Tout croulait.

C’est alors que je demandai l’utilisation, pour le transport des prisonniers de guerre, des wagons à livrer à l’Entente.