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comment finit la guerre.

la région de Fère-en-Tardenois, pendant que la 6e armée Dégoutte pressera sur le fond de la poche. Le général Fayolle ajoutait : « Si, comme on s’y attend, l’attaque principale de l’ennemi se produit entre Château-Thierry et Reims, le but de l’offensive de la 10e armée sera de la prendre à revers. » Enfin un télégramme du 13 juillet fixait le déclenchement de l’attaque au 18, et le commencement de la concentration au 14 juillet.

Le 15 à 9 heures, les importants mouvements de concentration commencés depuis deux jours et prescrits pour les jours suivants sont interrompus par ordre du commandant en chef des troupes françaises à cause de l’offensive allemande qui venait de se produire sur le front de la 4e armée Gouraud. Le général Foch, de passage au quartier général du groupe d’armées, apprend ce contre-ordre, et le fait annuler.

Les préparatifs, suspendus pendant quelques heures, reprirent avec une intensité nouvelle dans un ordre et un silence remarquables. L’ennemi, qui a cru jusque vers le 11 à une attaque probable, est complètement rassuré : « La troupe avait cessé d’escompter une attaque, dit Ludendorff. Un commandant de division de mes amis me dit que le 17 il avait été dans les toutes premières lignes et avait eu l’impression que le calme le plus profond régnait chez l’ennemi. »

Le 18 juillet à 4 heures 35 du matin, la 10e armée se lança sur l’ennemi entre l’Aisne et l’Ourcq sans aucune espèce de préparation d’artillerie. 321 chars d’assaut accompagnaient son infanterie dans tous les terrains où leur marche était possible. Un barrage roulant très dense la précédait, pendant que les batteries ennemies étaient vigoureusement contre-battues. La surprise fut complète chez les Allemands. Les premières lignes, bousculées en un clin d’œil, découvrirent les batteries, qui furent enlevées. L’avance atteignit 8 kilomètres avec des résultats particulièrement brillants au centre, où les 1re et 2e divisions américaines encadraient la division marocaine Daugan, une des meilleures troupes d’attaque.

Sur la rive nord de l’Aisne, une petite préparation d’artillerie de trois quarts d’heure s’était trouvée nécessaire contre une organisation ancienne et fort solide. La 162e division Messimy avait atteint de ce côté les objectifs qui assuraient le flanc de l’avance générale. Au sud, la 6e armée Dégoutte avait également débouché dans des conditions très brillantes. À sa gauche, la rapidité de