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comment finit la guerre.

puisse prendre position à son sujet. » Et il envoie dans la journée un projet de texte.

Le lendemain, S. A. grand-ducale le prince Max de Bade, le chancelier du nouveau gouvernement démocratique, envoie au maréchal von Hindenburg le télégramme suivant, dont le but est évidemment de rendre le Haut Commandement responsable de l’ouverture des négociations qu’il a réclamées depuis le 29 avec une insistance extraordinaire : « Avant de me décider à entamer l’action de paix désirée par le Grand Quartier Général, j’ai l’honneur de demander à votre Excellence de se prononcer sur les questions suivantes :

« 1° Pendant combien de temps encore l’armée pourra-t-elle contenir l’ennemi au delà de nos frontières ?

« 2° Le G. Q. G. doit-il s’attendre à un effondrement militaire, et dans l’affirmative à quelle époque ? L’effondrement signifiera-t-il la fin de notre force de résistance militaire ?

« 3° La situation militaire est-elle si critique qu’il faille engager immédiatement une action en vue de l’armistice et de la paix ?

« 4° Au cas où il serait répondu affirmativement à la question 3, le G. Q. G. se rend-il compte que le fait d’entamer des pourparlers de paix sous la pression d’une situation militaire critique peut conduire à la perte des colonies allemandes et de territoires allemands, en particulier de l’Alsace-Lorraine et des cercles purement polonais des provinces de l’Est ?

« Le G. Q. G. approuve-t-il l’envoi du projet de note ci-joint ? »

Il était impossible de répondre aux deux premières questions, qui, sous diverses formes, reviendront sans cesse dans les conférences ultérieures. Ludendorff l’a fait très justement remarquer à ce propos : « La guerre n’est pas un problème de mathématiques, » et il était absolument impossible de calculer à l’avance la durée de résistance de l’armée allemande, la date de l’effondrement et sa profondeur. Mais il répond nettement aux deux suivantes : la situation militaire exige immédiatement des ouvertures de paix, même si elles ont pour conséquence la perte des colonies allemandes, de l’Alsace-Lorraine et de la Pologne allemande. Voici sa réponse :

« Le commandement suprême de l’armée maintient sa demande formulée dimanche, le 29, 9, 18, d’une offre de paix immédiate a nos ennemis.