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comment finit la guerre.

frontière tripolitaine, et le total de ses contingents au cours de la guerre monta à 54 000 hommes.

Le général Messimy avait vainement, comme député, préconisé un régime analogue pour l’Algérie, reprenant un projet qui datait de 1845. Mais on avait refusé de tenir compte du précédent tunisien et on s’était perdu longtemps dans le maquis des commissions d’enquête et de recensement et des expériences locales. Toutefois, la conscription avait été établie en principe en 1912. L’appel de la classe de 1914 et la mobilisation des anciens tirailleurs fournirent 64 000 hommes pour les années 1914 et 1915. Sous l’impulsion du ministère Clemenceau, l’année 1918 vit un effort sérieux. De justes concessions furent enfin faites aux indigènes en compensation de charges nouvelles qui, dans ces conditions nouvelles de statut légal, furent acceptées sans difficultés, — et l’Algérie nous donna au total 177 000 hommes.

Le Maroc est récemment conquis, mais sa population guerrière doit être de très précieuse ressource. Il fournit 20 000 hommes en 1914-15, mais son effort tomba trop vite et il n’atteignit au total que 35 000 hommes. Encore ce chiffre est-il soumis à discussion, car un certain nombre d’hommes sont comptés en double, par suite de relèves suivies de renvoi sur le front. Au moment de l’armistice, on comptait au total sur tous les fronts 83 bataillons de tirailleurs indigènes algéro-tunisiens et 12 bataillons de tirailleurs marocains.

En 1910, il semblait bien que les ressources militaires de l’Afrique occidentale allaient être organisées. À la suite de nombreuses publications et de conférences, l’opinion publique avait fini par s’intéresser à cette question, que les autorités compétentes se refusaient à examiner. Quatre rapporteurs différents (Guerre, Colonies, Intérieur, Rapport général) en saisissaient simultanément la Commission du budget de la Chambre, qui les approuvait, ainsi que la Commission de l’armée, et un premier bataillon sénégalais fut placé en Algérie à titre d’expérience. Il devait être le noyau d’un corps de 20 000 hommes à créer en quatre ans, auquel correspondait une augmentation parallèle de nos troupes de l’Afrique occidentale, réservoir de ce corps, et en même temps la question du service militaire obligatoire pour les Arabes algériens pouvait être envisagée sous un jour nouveau : la garde de l’Algérie étant assurée par les Sénégalais, les contingents de la métropole res-