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Il a été également fait état des dommages consécutifs à l’exode de la population des régions les plus exposées au bombardement. A cet effet, on a calculé la proportion des habitants de chaque province qui ont fui devant l’invasion, et on a estimé les frais à 3 lire par jour. Prenant ainsi la moitié de la population de Venise, le dixième de celle de Forli, de Ravenne, des Marches, des Abruzzes, des Pouilles, le centième de l’Emilie, de la Lombardie, de Naples, on est arrivé à 1 752 millions de lire.

Voilà quelques-uns des éléments qui serviront, à établir le dommage total subi par l’Italie du chef de la guerre. Quoique la proportion de son territoire envahi ait été bien moindre qu’en France, en Belgique et en Serbie, et que la durée de l’occupation ait été beaucoup moins longue, elle n’en a pas moins souffert cruellement. Des travaux ultérieurs fourniront les éléments nécessaires pour dresser, là comme ailleurs, le bilan complet du désastre.


IX. — SERBIE

De tous les pays alliés, la Serbie est celui qui a été le plus longtemps en guerre, depuis le 25 juillet 1914 jusqu’à l’armistice. Et encore convient-il de rappeler que ce n’est qu’au mois de décembre 1913 qu’avait été démobilisée l’armée qui avait fait la seconde campagne balkanique. Elle avait eu six mois pour se reposer. Les pertes de la Serbie en hommes ont été, proportionnellement à sa population, les plus élevées de toutes, 400 000 soldats, 845 000 civils, dont 311 000 mâles au-dessus de quinze ans. Il faut ajouter à cette hécatombe 264 000 invalides militaires et civils. On a cherché à exprimer les dommages causés aux personnes par le chiffre des pensions aux invalides et aux membres des familles restées sans soutien. Une autre méthode consiste à prendre comme base la valeur d’un homme, en pleine force, en plein rapport. En ne la fixant qu’à 20 000 francs, pour, les 850 000 Serbes adultes qui existaient avant la guerre, on obtient un capital de 17 milliards. Plus de 62 pour cent ont péri, ce qui équivaut à 10 milliards et demi de francs. D’autre part, la Serbie s’est endettée de 3 milliards de francs à l’étranger. Sans la guerre, sa population, qui était, en 1913, de 4 500 000, serait aujourd’hui de 5 200 000 âmes. Elle est réduite à 3 300 000. Son agriculture manque de semences, de bétail et d’outillage.