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demandes, de se refuser à recevoir les délégations du Limbourg dit hollandais qui, à Bruxelles, aussi bien qu’à Paris, venaient protester contre la « résolution du 4 juin » et demander que la population de la province cédée en 1839, put exprimer librement ses aspirations dans un plébiscite.

Le 11 juin, à la séance de la Chambre où M. Hymans avait rendu compte de la pénible situation faite à la Belgique, M. Désirée, le député bien connu, s’était fait l’écho des plaintes de la délégation limbourgeoise et avait demandé, lui aussi, un plébiscite. M. Hymans ne jugea pas à propos de répondre. Un peu plus tard, le ministre s’opposait même à ce que la Commission des Affaires étrangères de la Chambre reçût une députation des plus hautes autorités du Limbourg, chargée de donner à la Commission des documents et détails confidentiels sur les sentiments de la province contestée.

Nous n’avons pas à juger ici l’attitude que le gouvernement de Bruxelles pensa devoir conserver dans ces délicates circonstances. Il est clair que les hommes d’État dirigeants sont tenus à plus de réserve que les peuples et même que les représentants élus de ceux-ci. D’ailleurs, M. Hymans était en droit de faire remarquer que des manifestations dont on ne pouvait calculer exactement la portée, seraient de nature à nuire à la Belgique auprès de la Conférence, alors qu’il avait, par la voie diplomatique, fait connaître au Conseil suprême que, pour le gouvernement belge, la résolution du 4 juin « n’empêchait pas la décision du 8 mars de ce Conseil suprême de dominer la situa-lion, et que ledit gouvernement n’acceptait la résolution dont il s’agit que sous cetlo réserve expresse. »

En attendant les effets de cette déclaration, le cabinet de Bruxelles désignait deux délégués, MM. Orts et Segers, qui avaient la charge de présenter à la Commission dite des XIV, instituée par le Comité des ministres des affaires étrangères, les « formules » belges que réclamait le dernier paragraphe de la résolution du 4 juin. Ce programme, qualifié de « minimum indispensable, » fut soumis à la Commission des XIV au cours du mois d’août.

Malheureusement, encouragée dans sa résistance aux demandes de la Belgique par l’attitude nouvelle des milieux de la Conférence, la Hollande ne se prêtait pas du tout à l’examen du minimum indispensable. Elle prétendait s’en tenir, dans les