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pas compter sur la réalisation de ces derniers espoirs. Et aussitôt un mouvement se produisit dans tout le royaume pour obtenir des pouvoirs élus qu’ils se refusassent à ratifier le projet de traité. On peut dire que c’est ce mouvement qui a conduit à la « suspension des négociations avec la Hollande » que le journal officieux la Nation belge annonce à la date du 20 mai en ajoutant que « c’est devant l’intransigeance du gouverne-mont de la Haye[1] » que celui de Bruxelles se décide à laisser les choses en l’état, — étant toujours bien entendu que ses réserves subsistent, intégrales, au sujet de la méconnaissance de l’esprit et des termes de la décision du Conseil suprême (celle du 8 mars 1919) par les divers comités et commissions qui ont eu à s’occuper du litige hollando-belge.


II

Cette méconnaissance de l’esprit et des termes de la décision du Conseil suprême est-elle réelle ? Ou plutôt, ne serait-on pas autorisé, justement par ce désaccord apparent, à penser que, dans l’intervalle qui s’est écoulé entre le 8 mars 1919 et le moment où le Conseil suprême a écarté toute idée de cession de territoire par l’Allemagne à la Hollande, un revirement très marqué s’est produit, — comme je l’ai dit plus haut, — dans l’esprit du triumvirat qui exerçait alors sur les allaires du monde une maîtrise sans conteste ?

C’est, évidemment, ce qu’il n’est pas possible d’affirmer ; mais il est permis d’avancer qu’il la réflexion et eu toute indépendance d’esprit, ce revirement apparaît comme très probable. J’ai dit plus haut que les motifs en restaient inconnus. Nous en sommes donc réduits aux conjectures, mais à des conjectures qui ne laissent pas d’avoir quelque fondement.

Parlons du fait positif du refus opposé par le Conseil suprême à la proposition de la commission des frontières occidentales de l’Allemagne d’indemniser le gouvernement néerlandais, — dans le cas de rétrocession à la Belgique de la Flandre zélandaise et du Limbourg dit hollandais, — en détachant du Reich la portion de la Gueldre qui fait saillie dans la direction de Nimègue et l’étroite bande de territoire qui court entre l’Ems

  1. Cette intransigeance s’applique d’ailleurs aussi au règlement particulier de la question des eaux du Wielingen, dont je parlerai plus loin.