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LA JUSTE PAIX

IV. [1]
LA CAPACITÉ DE PAIEMENT DE L’ALLEMAGNE


I. — LA FORTUNE ALLEMANDE AVANT LA GUERRE

Les Allemands remplissent le monde de leurs doléances au sujet du traité de Versailles, qui, prétendent-ils, leur impose une tâche au-dessus de leurs forces. Si nous nous reportons cependant à quelques années en arrière, et si nous évoquons le souvenir des années antérieures à la guerre, nous nous trouverons en face d’une attitude bien différente, et d’une tout autre évaluation de leur puissance financière. À cette époque, les hommes d’État, les banquiers, les économistes d’outre-Rhin célébraient à l’envi la fortune de leur pays, en soulignaient avec orgueil le développement merveilleux ; ils montraient les usines rhénanes et silésiennes disputant les marchés du monde à l’Angleterre et ne cédant la première place qu’aux États-Unis ; les banques berlinoises marchant de succès en succès, absorbant à l’intérieur les vieilles sociétés provinciales, mettant leurs gigantesques moyens d’action au service de l’industrie et du commerce, rayonnant au dehors dans les deux Mondes, fondant des succursales ou des filiales sur les principaux points du globe ; les grandes compagnies de navigation de Hambourg et de Brème luttant contre les armateurs britanniques, organisant des lignes sur toutes les mers du globe, venant chercher le trafic des voyageurs et des marchandises jusque dans les ports français et anglais.

  1. Voyez la Revue des 15 mai, 1er et 15 juin.