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États qui les acquièrent, du fait que ces territoires ont appartenu à la Roumanie : la dette roumaine tout entière restait donc a la charge de la Roumanie, amputée d’une partie notable de sa population et de sa richesse.

L’Allemagne mettait la main sur tous les gisements pétrolières du pays, par l’intermédiaire de trois organes : la Société des établissements de l’industrie pétrolifère, destinée à englober les entreprises rivales ; la Société commerciale à monopole, qui disposerait de la totalité de la production ; la Société fermière des terrains pétrolifères, qui devait s’emparer des sources même de l’industrie. Cette dernière, de nationalité allemande, recevait, pour trente ans, le droit exclusif d’exploiter tous les terrains de l’Etat roumain, à l’exception de ceux concédés avant le Ier août 1916, ainsi que celui de la recherche, de l’extraction et du traitement des huiles minérales, des gaz, de l’asphalte et des autres bitumes. Les terrains exceptés faisaient de plein droit, à l’expiration des concessions en cours, retour à la Société fermière. Le renouvellement de tous ces avantages était prévu pour deux périodes d’égale durée, si bien que, pendant quatre-vingt-dix ans, l’Etat roumain perdait la libre disposition de la partie la plus riche de son territoire. La Société commerciale, moyennant une redevance insignifiante de 3 lei 40 par tonne, à verser au gouvernement roumain, pouvait dorénavant ravitailler l’Allemagne : celle-ci était représentée dans son conseil par des administrateurs appartenant à la grande métallurgie, l’industrie allemande des pétroles et la navigation transatlantique.

Toutes les précautions étaient prises du côté des chemins de fer. En Ukraine, les Empires centraux, sous prétexte de surveiller le transit des marchandises importées par eux, s’étaient réservé le contrôle des réseaux ; les troupes allemandes occupaient les voies ferrées jusqu’aux frontières orientales. De la Russie, l’Allemagne obtenait le libre accès vers la Perse et l’Afghanistan. En Roumanie, un représentant de l’administration allemande devait résider sur place et prendre en fait la direction de l’exploitation. Le réseau télégraphique roumain était misa la disposition de l’Allemagne ; jusqu’en 1950, celle-ci devait conserver une station sur les côtes roumaines pour l’atterrissage de ses câbles sous-marins.

Ces diverses clauses constituaient des contributions bien autrement lourdes que ne l’eussent été quelques centaines de