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a un budget extraordinaire de 7 milliards, dont beaucoup de chapitres sont appelés à se reproduire pendant de longues années et que, dès 1920, nous sommes appelés à fournir, ce qui porte notre total à 27 milliards. Dès lors, c’est 45 milliards qui représenteraient, pour la population allemande, une charge équivalente à la nôtre.

Voyons donc comment le compte s’établit : 3 milliards de francs devraient suffire aux dépenses d’un pays, dont le budget total, à l’ordinaire et à l’extraordinaire, ne dépassait pas ce chiffre il y a une douzaine d’années. En 1906, il était de 2 400 millions de reichsmarks, lesquels représentaient 3 milliards de francs. En admet tant que la dépréciation du mark papier justifie une élévation de ce chiffre, il resterait une trentaine de milliards de revenu annuel. Les Alliés ont, pour leur créance, un droit de préférence sur cette ressource, qui, à elle seule, suffit à gager, au taux de 6 pour 100, un capital de 500 milliards, au taux de 5 pour 100, un capital de 600 milliards de francs. L’emprunt qui aurait une priorité sur ces revenus se placera peut-être à un cours qui se rapprocherait de ce dernier taux. La voie est dès lors tracée. Il y a lieu de faire créer par l’Allemagne des obligations pour le capital de sa dette, dès que le montant en aura été fixé. N’oublions pas qu’en principe elle doit être égale au chiffre des dommages constatés par la Commission des réparations : que celle-ci l’arrête par exemple à 300 milliards de francs, soit 240 milliards de marks or, cela ne constituera encore qu’une charge annuelle de 12 milliards de marks or ou 15 milliards de francs, c’est-à-dire beaucoup moins que le revenu disponible : il y aurait une marge considérable pour la différence de valeur entre le mark or et le mark papier.

Ces calculs sont fondés sur l’hypothèse où l’Allemagne ne serait proportionnellement pas plus imposée que la France, alors qu’envisager le cas où elle l’eût été davantage n’aurait rien eu d’excessif. Quand nous supputons la moyenne des charges qui pèsent sur les contribuables français, nous comprenons parmi eux les infortunés habitants des régions dévastées, qui sont dans l’impossibilité matérielle de payer la plupart des taxes. La part des autres Français est aggravée d’autant ; et c’est au chiffre ainsi rectifié et majoré qu’il y aurait lieu de comparer les impôts allemands, afin de savoir s’ils atteignent la limite minima fixée par le traité de Versailles.