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pas été possible d’un envoyer davantage à la fois, dans l’espace de temps qui s’est écoulé depuis le 26 octobre. Mais l’effectif alors atteint ou sur le point de l’être ne constitue pas, dans l’esprit du général Foch, un maximum. Il en envisage d’ores et déjà l’augmentation, incité du reste à s’en préoccuper par notre ambassadeur à Rome, M. Barrère, qui a été des premiers à réclamer l’envoi de contingents français et qui insiste en faveur de leur accroissement et de leur maintien un certain temps.

Telles sont les dispositions dans lesquelles il part, le 4 novembre, pour Rapallo, où vient d’être convoquée une conférence des gouvernements français, anglais et italien, et des chefs d’Etat-major généraux. Invité à s’y rendre, et ne pouvant donc, retourner immédiatement, comme il y comptait, au G. Q. G. italien, il télégraphie au général Duchêne de se tenir en liaison plus étroite et plus continue avec le Comando-Supremo, afin d’être à même de prendre toute décision que comporteraient les circonstances. A Rapallo, près de Gênes, où il arrive le 5 novembre avec M. Barrère, le général Robertson et les ministres italiens, MM. Orlando, Sonnino, le général Alfieri et le général Dallolio, le général Foch trouve le général Porro, sous-chef d’Etat-major, chargé par le général Cadorna, qui n’a pu quitter son quartier général, de représenter le Comando-Supremo à la conférence. Le général Porro lui demande, de la part du général Cadorna, de placer dans le Val Caminica, pour parer à une attaque ennemie par le Tonale, une division française dont le débarquement commence. Cette demande procède de la même crainte, qui a déjà fait, une première fois, modifier le lieu de concentration de nos divisions : celle d’une offensive austro-allemande sur le front du Trentin, dont la rupture menacerait dans le dos les armées italiennes qui parviennent alors à la Piave. La seule différence est que, cette fois-ci, le point par où le général Cadorna craint de voir déboucher l’attaque, est reporté encore plus à l’Ouest. En conséquence, le général Foch donne aussitôt au général Duchêne l’ordre de porter une division française à l’endroit où elle est demandée par le commandant en chef italien et de réunir nos forces à l’ouest du lac de Garde. C’est donc encore sur l’initiative du Comando-Supremo que celles-ci s’éloignent davantage de la Piave.