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Dans l’ombre de la visière
Les yeux de tes fils sont beaux,
Sol fameux par ta poussière,
Terre illustre des tombeaux.

Passe, brune infanterie
Qui, fidèle à ton vieux sort,
As contenu la furie
Des barbares blonds du nord.

Les Muses te font cortège,
Vénus marche dans tes rangs,
Gardienne de la neige,
Sentinelle des torrents !


* * *


Et voici, sous le drap moutarde,
Du jaune vif à sa cocarde,
Cette milice goguenarde,
Ces buveurs de bière à l’œil bleu
Qui, sur les ponts, à l’avant-garde,
Soutinrent seuls le premier feu,
Seuls dix jours entre les rivières,
Dans les intervalles des forts :
Premiers blessés sur les civières,
Dans les avoines premiers morts.


* * *


Et vous tous qui, divers de races,
Aviez mis en commun l’espérance et les pleurs,
Soldats d’un seul serment et de toutes couleurs,
Serbes, Tchèques, Roumains, du haut de ses terrasses
Paris vous jette aussi des fleurs.

Polonais, Portugais, Japonais à lunettes,
Et vous dont les chevaux font tinter leurs chainettes,
Algériens aux blancs burnous,
Et vous, âmes d’enfants, dociles baïonnettes,
Noirs du Centre-Africain, triomphez avec nous !