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des protestants évangéliques. Car le christianisme germanique reprend conscience du rôle qu’il doit jouer dans la nation et dans le monde. » Comment ne pas évoquer, à la fin de telles considérations, le nom de Görres ?


L’UTILISATION DE SOCIALISME

L’esprit pangermaniste, on le retrouve encore chez les démocrates et les socialistes majoritaires. Il consiste à soutenir que la synthèse tentée entre démocratie et socialisme par l’Allemagne contemporaine est la grande synthèse de l’avenir et doit mettre le pays à la tête des autres peuples ; à affirmer que l’Allemagne, placée enlte la Russie bolchéviste et l’Entente capitaliste, a, de par sa situation géographique exceptionnelle, un rôle modérateur et central qui doit un jour lui donner la première place dans la Société des Nations. Autre manière de démontrer qu’elle est en passe de devenir la démocratie sociale modèle. Autre manière d’exalter l’orgueil national, de mépriser le voisin et de se livrer à toutes les illusions d’antan.

Ici même, on invoquera le système des Conseils qui, par son admirable souplesse, se prête à toutes les interprétations. « L’avenir, disait la Vozsische Zei(ung du 11 juin 1919 appartient au système des conseils mis au point par le génie allemand. » En d’autres termes, l’Allemagne doit adapter à ses propres besoins et à ceux de l’Europe occidentale le soviet russe, en lui empruntant ce qu’il a de bon, en rejetant ses éléments « asiatiques. » Alors elle pourra lutter efficacement contre la « démocratie formelle » et provoquer la défaite de l’impérialisme et du capitalisme anglo-saxons. » Car, ajoutait le journal, ces idées nouvelles sont destinées à se répandre, par-delà les frontières de l’Allemagne vaincue, sur le monde entier. » Même thèse soutenue le 2 mai, dans le Berhner Tageblatt, par Georges Bernhard. « Seul, disait-il, un système mondial de Conseils de travailleurs pourrait donner à la Société des Nations une base solide et fonder l’égalité sociale des peuples par un partage équitable des matières premières. » et, revenant sur l’idée du double parlement, G. Bernhard ajoutait qu’ainsi l’idée la plus féconde touchant l’organisation du monde sortirait du peuple allemand. C’est encore l’idée maîtresse d’un travail manuscrit ébauché par un disciple de Rathenau et qui nous est tombé