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communications télégraphiques étaient coupées entre fille et Arras ainsi que entre Lille et Dunkerque.

Enfin vers 18 h. 30, le lieutenant-colonel des Vallières me mit en main un télégramme et me pria de me rendre immédiatement à la gare de Dou liens pour faire pousser sur Arras les trains amenant la 45e division.

J’arrivai à 19 h. 30 à la gare de Doullens où régnait une certaine émotion. Renseignements pris, il y avait 25 trains annoncés venant de Compiègne et devant se suivre d’heure en heure : 11 trains d’infanterie sans voitures ; 8 d’artillerie ; 2 de cavalerie et 3 divers. Je mis la main sur M. D. l’inspecteur de l’exploitation, et lui intimai par écrit l’ordre de pousser cette nuit et demain sur Arras les « 25 » trains annoncés. Et je rejoignis à 20 heures le général de Maud’huy qui était venu cantonner pour la nuit à Doullens. N’ayant pour ainsi dire pas dormi depuis trois jours, je tombais de sommeil.

Mais, infatigables, le général de Maud’huy et le lieutenant-colonel des Vallières passèrent la nuit à recevoir des comptes-rendus, et à donner des ordres. Ils apprirent que les débarquements du 21e corps étaient modifiés et définitivement arrêtés comme suit :

13e division à Armentières et Merville ; 43e division à Saint-Pol ;

Couvertes par deux détachements mixtes :

Un régiment du 21e corps et de la cavalerie à La Bassée (général Dumézil) ;

Un régiment de territoriaux et de cavalerie à Lille (lieutenant colonel de Pardieu).

La manœuvre future s’amorçait ainsi ; les prévisions utiles étaient faites ; le général veillait, et pendant ce temps, vers l’Est, la canonnade, infatigable aussi, continuait à gronder plus violente que jamais.

Sur l’Artois enflammé, scintillait une belle nuit d’étoiles…


MARCEL JAUNEAUD.