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Chapelle Sixtine, par les mille voix qui représentent l’Église assemblée, gronde sous les voûtes sonores. Du haut de la coupole, la fanfare des trompettes retentit. Les cloches de la basilique sonnent à toute volée ; et, gagnant de proche en proche, toutes les cloches de toutes les églises de Rome annoncent au monde la nouvelle…


Le drame est terminé ?…

Non. Il a une suite, et c’est la manifestation de la joie universelle pour cette élévation, qui est aussi une réparation. La voix de l’Humanité a été entendue : un de ses membres a été inscrit sur les listes désignées à la mémoire des hommes ; il entre dans le cycle de ceux qui approchent Dieu au plus près : Jeanne d’Arc, une fois encore, est victorieuse. « L’instrument de sa défaite est celui de son triomphe. » Comment la foule des humains n’attesterait-elle pas sa gratitude, à l’heure même où ses vœux ont été exaucés ?

Et alors, commence une de ces cérémonies qui remontent aux plus anciens âges où toutes les générations sont, pour ainsi dire, présentes, et où le moindre détail, le moindre geste, atteste l’unité et l’autorité de l’Eglise à travers les siècles.

D’abord, à titre de remerciement, les « oblations » sont offertes au Pape : elles sont portées par les personnes ecclésiastiques qualifiées ; ce sont les cierges, c’est-à-dire la lumière, « les lampes ardentes de l’Eglise ; » puis les deux pains, l’un doré, l’autre argenté, et les deux petits barils, l’un doré, l’autre argenté, avec l’eau et le vin, représentant les espèces de la communion ; enfin, trois cages où sont, dans la première les deux tourterelles, dans la seconde les deux colombes et dans la troisième les petits oiseaux du ciel. La tourterelle, c’est la fidélité ; la colombe, c’est la paix ; les petits oiseaux, c’est la liberté.

Quand furent jetés les premiers fondements de la société des hommes, avant Abraham et les Patriarches, ces dons de la nature avaient toute leur portée. Ils l’ont gardée, symbolique, et l’on peut dire que la série des traditions antiques rappelées par ces oblations se poursuit dans le cérémonial extraordinaire de la messe dite par le Pape lui-même a l’autel du Bernin. Depuis le concile de Nicée jusqu’au concile de Trente, depuis le concile de Trente jusqu’au concile du Vatican, tous les faits qui ont marqué l’action extérieure et intérieure de l’Eglise sont exactement