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habileté sur les termes de « Reichswehr » et de « Volkswehr. » Et il ne manque pas de lancer un avertissement aux nationaux allemands qu’il accuse d’empoisonner l’opinion publique et d’augmenter la méfiance de l’étranger.

Discours mesuré, réédition du discours de juillet, prononcé en des circonstances analogues. On eût dit que les problèmes les plus ardus allaient être résolus par la coalition dans le plus large esprit de justice.

Mais il fallait tout d’abord aux partis gouvernementaux des vues claires, des programmes précis. Deux d’entre eux, d’octobre à mars, tiendront leurs assises : les démocrates en décembre, le Centre en janvier.

Le congrès des démocrates s’ouvre à Leipzig. Le parti prétend, non pas continuer une tradition vieillie, mais donner une expression nouvelle à la volonté populaire. Il veut rallier à lui le peuple entier, sans distinction de classes, de professions ou de confessions. C’est une synthèse politique qu’il entreprendra, pour organiser en un solide faisceau les énergies nationales, pour concilier l’autorité et la liberté, l’unité allemande et l’autonomie administrative des États et des communes. Un même but : le relèvement national ; une même foi : l’avenir de l’Allemagne dans le monde. Ce sera la grande république sociale qui servira, non seulement l’Allemagne, mais encore l’Humanité.

Beaux principes, assurément ! C’est l’idéal du « Volksstaat, » de la démocratie organisée. Volksstaat Einheitsstaat ! Ces termes se substituent à ceux qui symbolisaient autrefois le régime actuellement déchu. Mais n’avaient-ils pas, au fond, la même signification ? N’impliquaient-ils pas l’orientation de toutes les classes, de tous les intérêts, de toutes les confessions, la convergence de tous les efforts et de toutes les pensées vers une même fin : la grandeur allemande ? Une nouvelle religion d’État, prenant le nom de démocratie, remplaçait l’ancienne. On proclamait l’autonomie administrative des États, l’égalité des droits politiques pour les deux sexes, la nécessité de lois démocratiques, d’une armée populaire et républicaine. Mais ces libertés n’étaient pas là pour elles-mêmes. Elles avaient à assurer la collaboration des divers éléments de la nation. Et l’on proposait comme but unique à la politique extérieure, la révision des traités de Versailles et de Saint-Germain, le retour à l’Allemagne des territoires qui lui avaient été arrachés par la violence et de toutes