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ses colonies perdues, son entrée dans la Société des Nations.

La politique du parti se caractérisait donc par l’absence de vraies convictions démocratiques, par la volonté de tout concilier. Elle ne pouvait aboutir qu’à des solutions éphémères. Or le Centre, au congrès de janvier, défendait une politique analogue, malgré les divergences irréductibles qui le séparaient des démocrates. Il traitera, non sans ampleur, tous les problèmes actuels. Car il était temps qu’il tint ses assises ! Deux graves dangers menaçaient cette unité intérieure dont il avait été si fier jusqu’alors. Des mécontents critiquaient son alliance avec le socialisme et cette scission latente était d’autant plus alarmante que la droite exerçait sur le parti une pression croissante. En outre, le Centre bavarois venait de rompre brusquement avec le Centre allemand, à la suite de la proposition qu’avait faite, en décembre, l’Assemblée prussienne, au sujet de la réorganisation territoriale du Reich.

Le discours de Trimborn mettait en évidence la faiblesse de la politique de coalition. Au nom des « principes chrétiens, » il condamnait la révolution de 1918.

Evoquant le souvenir de Max de Bade, il déclarait ouvertement qu’on aurait pu fonder les « libertés » du peuple allemand « sur d’autres bases. » Mais l’essentiel était de justifier la tactique du Centre, de montrer qu’il avait signé la paix à son corps défendant et en raison des circonstances, que son alliance avec les socialistes était un « mal nécessaire. » Ces socialistes modérés, ennemis de la dictature du prolétariat, ne pouvait-on les considérer comme des « compagnons de route » (Weggenossen) ? Vous voulez reconstruire l’Allemagne ? Ayez alors un gouvernement solide et conseillez aux sacrifices indispensables ! Trimborn le catholique parlait comme le démocrate Hugo Preusz. Le Centre veut bien, disait Trimborn, « tolérer » des républicains dans son sein. Puisque la restauration monarchique est impossible, acceptons la démocratie et le parlementarisme avec toutes leurs conséquences.

Le Centre préconise donc une politique moyenne. On fera l’unité allemande en morcelant la Prusse au point de vue territorial, de telle sorte que le futur État populaire soit composé de régions équivalentes. En matière de politique scolaire, on sauvera du passé tout ce qui peut être sauvé et on maintiendra le compromis qui fait de l’école confessionnelle, sinon un