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révolutionnaire, sans compromis aucun avec la bourgeoisie. « Nous sommes un million, s’écriaient les indépendants ; pourquoi ne pas constituer une force nouvelle, ayant sa tradition propre et ses fins particulières ? »

Ils dénonçaient en même temps, sans pitié, la réaction grandissante. Ils voyaient plus clair et parlaient plus haut que la coalition. La Freiheit nous renseignait admirablement sur les menées militaristes. Mieux que personne elle savait que les dirigeants de l’ancien régime avaient voulu la guerre ; que nombre de gens souhaitaient la restauration monarchique ; que la Commission d’enquête avait joué une vilaine comédie ; que les capitalistes mettaient leur fortune en sécurité, tout en sabotant la production ; que les agrariens menaçaient d’affamer le prolétariat et que le gouvernement s’effaçait de plus en plus devant la réaction à demi triomphante.

Donc, pas de compromission avec les majoritaires. On déclarait impossible la tentative d’union dont on avait parlé, en raison des menaces de réaction. D’autre part, le débat sur les rapports avec le communisme restait confus. Mais on affirmait l’idée révolutionnaire. Le rêve d’hégémonie allemande à jamais évanoui, c’est contre le capitalisme anglo-saxon victorieux qu’on voulait grouper les forces prolétariennes. Il fallait en finir aussi avec cette démocratie bourgeoise, qui régnait par les arrestations et les meurtres politiques, par la soldatesque de Noske, la censure et toutes sortes d’interdictions. On remplacerait brutalement l’Etat bourgeois par l’État prolétarien. Impossible d’arriver au socialisme par le parlementarisme ! On ne pouvait utiliser ce dernier que pour arracher le masque au gouvernement et aux partis majoritaires. Il fallait saboter la loi sur les conseils d’entreprise, fruit de marchandages ignobles, et la remplacer par la socialisation radicale, en vue de la révolution universelle. « Il nous faut, disaient encore les indépendants, des moyens actifs de révolution. Des impôts draconiens obligeront le capitalisme à constater sa propre ruine. Un savant système de conseils nous permettra de provoquer toutes les grèves voulues. »

De là à adhérer à la troisième internationale, il n’y avait qu’un pas. Cette affiliation, la gauche du parti la demandait. La droite se fût contentée de reconnaître les décisions de l’internationale genevoise, sans lier la direction du parti aux influences russes. Les deux fractions se mirent d’accord. On