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général d’Urbal déclarait qu’il n’avait « rien » sous la main pour parer à ce mouvement.

Que faire de plus ? On attendit le retour des officiers de liaison. Ceux-ci revinrent à 14 heures.

L’officier envoyé au corps provisoire rendit compte « qu’après avoir beaucoup hésité, » le général d’Urbal avait, en effet, ordonné ce matin le repli de sa gauche, mais qu’au reçu des nouvelles instructions il allait faire tout le possible pour « tout arrêter » et « tenir mordicus. » Le général d’Urbal jetait sur Ablain-Saint-Nazaire l’un des deux bataillons chargés d’organiser la position de Carency et prescrivait à son aile gauche (division Fayolle) de reprendre l’offensive ; à son centre et à sa droite, de se maintenir sur leurs positions.

L’officier envoyé au 10e corps rapportait que ce corps, après avoir perdu Ficheux, « avait sa droite en l’air, » mais que son centre et sa gauche tenaient toujours.

La situation telle qu’elle était présentée à la droite du 10e corps eût été tout à fait inquiétante si un officier aviateur n’était arrivé au même moment au poste de commandement pour renseigner à ce sujet.

Cet officier aviateur, faute d’avion, avait fait à midi la reconnaissance en automobile. Il avait ainsi parcouru, sans trouver personne, toute une région qui aurait dû être occupée par l’ennemi, si les renseignements que nous avions reçus le matin avaient été exacts. Cet officier venait, en effet, de faire en auto l’itinéraire : Monchy-au-Bois. Blaireville et Ayette ; c’est-à-dire de parcourir la région au Sud de Ficheux que venait de lâcher le 10e corps, en donnant comme raison qu’il y était « débordé. » Il résultait, au contraire, de ce rapport, qu’aucune force importante ennemie ne pouvait s’être encore glissée entre la gauche des territoriaux et la droite du 10ecorps… Alors, il avait dû se passer quelque chose d’autre à Ficheux.

Il y avait donc là quelque chose à éclaircir, et, en tout cas, un renseignement précieux à porter au 10e corps. J’en fus chargé.

— Rassurez-les et débrouillez-nous la situation, me dit le lieutenant-colonel des Vallières.

Je partis vers 14 heures 15, et je trouvai au poste de commandement du 10e corps, installé à la station de Dainville (4 kilomètres Sud-Ouest d’Arras), un spectacle peu banal. Des files de fuyards sur la grand’route achevaient de remonter vers