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Le général Conneau rendait compte qu’il avait rassemblé ses deux corps comme suit, face au Sud-Est par divisions accolées :

1er corps : 1re division de cavalerie : Gouy-en-Johelle ; 10e division de cavalerie : Bouvigny ; 3e division de cavalerie : Bully-Grenay.

2e corps : 5e division de cavalerie : Les Brebis ; 4e division de cavalerie : Vermelles ; 6e division de cavalerie : en cours de débarquement à Béthune.

Lille était toujours à nous.

Un renseignement secret (probablement un radiotélégramme intercepté) apprenait enfin que les Allemands étaient décidés « à ne pas nous lâcher aujourd’hui et à nous encercler. »

Alors, avant de laisser partir les aviateurs, le général de Maud’huy chargea l’un d’eux de porter immédiatement en avion à La Bassée, malgré le mauvais temps, l’ordre déjà préparé pour le général Maistre.

D’après cet ordre, il était dit au 21e corps qu’il y aurait avantage à ce que l’action de la 13e division se fit sentir un peu plus à l’Ouest, c’est-à-dire vers Liévin et Givenchy et n’allât pas risquer de se perdre à Lens… Il y était ajouté que, lorsque cette attaque se ferait sentir, et « qu’ils commenceraient à plier, », le général de Maud’huy lâcherait sa dernière grande réserve : la brigade de chasseurs. Le général de Maud’huy y ajoutait enfin qu’il désirait que « l’attaque du général Baquet fût lancée pour midi. » (Or, il était déjà 9 heures 15…)

Les aviateurs partirent. Le temps était froid, brumeux. Un calme relatif semblait s’être produit. Malgré la proximité du front de bataille, l’on n’entendait plus grand’chose gronder de ce côté. — Les corps d’année rendaient compte qu’ils n’avaient plus de munitions… c’était la plainte continuelle et comme le « leit motif » de cette bataille…

Il était 10 heures, le général de Maud’huy était occupé à écrire un ordre au corps provisoire pour lui recommander de « maintenir à tout prix l’occupation d’Arras, » lorsqu’il se retourna brusquement vers moi en me disant :

— Eh ! le canon…

A cet instant, la porte s’ouvrit, et le général Foch pénétra dans la salle, l’air énergique et décidé.

Nous n’attendîmes pas qu’il nous mit dehors pour repasser dans la salle à côté, et il resta de nouveau seul avec le général