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troublante que nous avions déjà été obligés de poser à propos de l’hypothèse d’une émission cathodique solaire.

Arrivées dans notre atmosphère, les particules d’Arrhénius y sont déchargées de leur électricité négative par les rayons solaires ultraviolets avec production de rayons cathodiques qui ionisent fortement l’air des hautes couches. Ainsi, dans la théorie d’Arrhénius, ce sont également des rayons cathodiques qui régissent les mouvements de nos boussoles, mais ces rayons sont produits sur place, dans l’atmosphère même, et ne proviennent pas directement du soleil.

Il est pourtant un point qui, — sans vouloir nier que le phénomène invoqué par Arrhénius ne puisse avoir une part dans ces variations magnétiques, nous parait de nature à lui dénier une influence prépondérante. C’est que, dans les cas les plus favorables, les particules venant du soleil sous l’action de la répulsion lumineuse ont besoin d’une quarantaine d’heures au moins pour nous parvenir du soleil.

Or on a démontré, il y a plusieurs années déjà, et par des exemples variés[1], que dans tous les cas où il a été possible de rapporter nettement une perturbation magnétique d’origine cosmique, à début net et brusque, à une perturbation également nette de la surface solaire, on a constaté que le début observé des deux phénomènes coïncide rigoureusement. Cela veut dire que l’agent solaire qui déclenche les perturbations magnétiques nous vient du soleil avec une vitesse qui est égale à celle de la lumière. Cette constatation a tout récemment été confirmée d’une manière qui ne laisse plus de doute par les travaux de M. Tringali de l’Observatoire du Collège romain.

Puisque l’agent solaire principal des perturbations magnétiques se propage avec la vitesse de la lumière, c’est-à-dire nous vient du soleil en 8 minutes, il ne saurait, consister dans les particules d’Arrhénius qui ont besoin d’un temps beaucoup plus long pour nous parvenir ; il ne saurait non plus consister dans des rayons cathodiques émis directement par le soleil, car les rayons cathodiques les plus rapides connus ont une vitesse de propagation encore notablement inférieure à celle de la lumière.

Pour toutes ces raisons, nous avons un penchant à croire que l’agent solaire principal des perturbations et variations magnétiques

  1. Annales de l’observatoire de Nice, t. IX.