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déclaration autoritaire : « Vote for Lowden, save the country » (Votez pour Lowden, sauvez le pays) ou bien une prévision résolument optimiste, une anticipation concise, tranchant », des prochains résultats de la Convention : « It’s Wood, let’s go » (c’est Wood. Allons-nous en ! )

Depuis hier, à toutes les gares, les trains internationaux déversant, de quart d’heure en quart d’heure, cette foule venue de tous les points, de tous les États de l’Union. L’estimation officielle, pour la seule journée d’hier, dépasse 125 000. Naturellement, une telle affluence a encore fait monter tous les prix, suffisamment hauts pourtant. Une chambre, l’une des plus modestes de l’hôtel Blackstone, coûte 15 dollars (au taux du change actuel 210 francs) par jour, et le premier déjeuner, le plus frugal, ne revient pas à moins de 2 dollars 50 (35 francs).

Les Headquarters sont, toute la journée et presque toute la nuit, les lieux de rendez-vous des délégués et partisans des candidats. On s’y écrase. Ils occupent, suivant l’importance, quelques chambres ou tout un étage d’hôtel. Des jeunes filles et jeunes femmes, — ici la propre fille et la femme du candidat, — y distribuent gratuitement boutons à effigies, plumes multicolores, éventails, tracts, fanions et sourires. Dans une vaste salle, des conférenciers se succèdent sans interruption, qui vantent à l’envi les qualités et vertus du candidat. Des chambres pourvues de dactylographes, presque toutes charmantes, et de machines à écrire, sont spécialement réservées à la presse. Le candidat a là son bureau, où il reçoit les délégations, ou ses amis. Les murs, bien entendu, disparaissent sous les draperies tricolores et les faisceaux de drapeaux : des phrases sensationnelles, des extraits de discours politiques, en lettres qui peuvent se lire à 15 mètres, sont reproduits encadrés. Dans chaque chambre, le portrait, colossalement agrandi, du « prochain président » est exposé. C’est de neuf heures du matin jusque parfois à minuit, un va-et-vient, une bousculade, un brouhaha, et naturellement une poussière, une chaleur indescriptibles.

Le soir, la plus grande partie de la nuit, l’animation est, partout, plus grande encore. La magnifique avenue n’est plus que lumière, scintillement et bruit. Portraits et drapeaux des façades sont maintenant lumineux. Des groupes de manifestants, portant des touches électriques multicolores, des pancartes et transparents éclairés, et que précèdent, accompagnent,