Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 59.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’est âgée que de vingt-quatre ans. Les deux candidats, enfin, qui se connaissent de longue date, se fréquentaient, jusqu’à ces derniers temps, assidûment. La fille du sénateur Harding appelait le candidat démocrate « uncle Cox. » Cette intimité peut faire espérer, pour le moins, une campagne courtoise.

Le sénateur Harding a, pour lui, son passé très net, Il a, contre lui, d’être l’homme du G. O. P. (great old party), du grand vieux parti républicain, alors que les conditions et les désirs du pays semblent appeler surtout aujourd’hui un progressiste. Sa politique dans les débats du traité et des questions ouvrières a été peu précise, plutôt réactionnaire. Mais c’est un grand ami de la France, et tout récemment encore, il a eu l’occasion d’exprimer publiquement ses sentiments a cet égard. Il n’a pas jusqu’ici été assez heureux pour plaire aux femmes dans la question du suffrage ; mais, parce qu’il est réputé prohibitionniste, il pourra rallier les suffragettes des États du Sud, lors du dernier vote. Il a, avec tout son parti, complètement déplu aux Irlandais-Américains, dont le vote n’est nullement négligeable. Bon orateur, mais de manières polies, son éloquence est mieux appréciée dans la petite, élégante salle du Sénat de Washington que dans les carrefours ou les réunions publiques. Il a enfin, pour ou contre lui, selon qu’on considérera le fait ou l’interprétation qu’on en pourra donner, d’être l’homme de la machine républicaine, enfin unie, très forte et bien décidée à vaincre, et le candidat, faute d’un meilleur, de la haute banque et de Wall Street.

Sans avoir l’esprit de décision, d’audace dans la décision, de témérité parfois dans l’exécution, de M. Mac Adoo, sans posséder encore sa considérable popularité ni sa très forte emprise sur les grands auditoires de travailleurs et de cheminots, M. le gouverneur Cox jouit pourtant dans son État, et à cause de son administration incontestablement supérieure pendant la guerre, d’une réelle estime et d’une forte popularité. Son journal, sinon lui-même, s’est d’abord et au début de cette guerre montré nettement germanophile et pacifiste, déclarant, lors du coulage du Lusitania, que « cette affaire ne concernait nullement le peuple américain. » Bien qu’il se soit franchement rallié au gouvernement lors de l’entrée des États-Unis dans la guerre, sa première attitude semble devoir lui assurer le vote allemand lors de la prochaine élection. Les Irlandais-Américains voteront