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relative au plébiscite et à la Commission interalliée qui doit, jusqu’à la consultation du pays, exercer l’autorité gouvernementale. Mais toute concession faite à l’Allemagne lui donne l’espoir d’en obtenir de nouvelles. Si le général Le Rond, président de la Commission interalliée, ne s’était trouvé à Spa et n’avait mis les Alliés en garde contre les arrière-pensées de la Délégation allemande, la question de la Haute-Silésie aurait été liée, dans le débat, à celle du charbon.

Comme elle a été heureusement écartée, les manœuvres et les intrigues ont redoublé, dans toute la zone du plébiscite, en vue de tenir en échec les prescriptions édictées par la commission interalliée, qui est, depuis le 11 février dernier, installée à Oppeln. L’article 88 du traité prévoit que « toutes les sociétés militaires ou semi-militaires », formées par les habitants de la Haute-Silésie, doivent être sur-le-champ dissoutes. Dès les premiers mois de cette année, se sont multipliées, dans tout le territoire plébiscitaire, avec l’appui à peine dissimulé du gouvernement allemand, des sociétés secrètes, qui se recrutaient surtout parmi les anciens militaires et qui s’armaient dans l’ombre : telles, la Freie Vereinigung, dont des instituteurs étaient les membres les plus actifs; les Vereinigte Verbände Heimattreuer Oberschlesier, qui avaient installé dans la plupart des localités des soldats originaires du dehors; la Kampforganisation Oberschlesien, qui avait établi partout un véritable régime de terreur; la Technische Nothilfe, qui, ayant son siège principal à Berlin, avait créé, en Haute-Silésie, un grand nombre de sections, dont une, celle de Benthen, comptait plus de sept cents membres, tous armés de revolvers. À ces associations qui pullulaient à vue d’œil, s’ajoutaient encore les Ligues des anciens prisonniers de guerre et d’étranges bandes d’officiers, qui avaient pris, pour la forme, des dénominations sportives, mais qui recevaient régulièrement leurs instructions de Breslau, et qui accomplissaient leur sombre besogne sous la protection bienveillante de la Sicherheitspolizei. Il y avait ainsi, dans toute la Haute-Silésie, un complot permanent, fomenté par l’Allemagne contre la Commission interalliée, qui était chargée de faire exécuter le traité de Versailles et de préparer, en toute impartialité, la manifestation indépendante de la volonté populaire. Il a fallu que la Commission prît le parti de dissoudre les plus dangereuses de ces organisations, de saisir les dépôts d’armes clandestins et de se défendre elle-même contre cette audacieuse conspiration. Mais, jusqu’à la victorieuse contre-offensive de la Pologne, l’avance des Bolcheviks sur Varsovie avait naturellement ranimé toutes les