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l’informant que je dépends du commandement de l’Armée belge.

Au début de l’après-midi, je me rends à la chapelle N.-D. du Bon Secours, pour essayer de déterminer où pouvait bien se trouver une section allemande de deux pièces qui tirait de très près sur nos tranchées, l’avant-veille. En sortant de Dixmude, je m’arrête au passage à niveau de la voie ferrée, pour m’entretenir avec le capitaine de frégate de Sainte-Marie, qui commande en ce point. Mais, pendant notre conversation par la portière de ma voiture, le commandant s’affaisse, et tombe évanoui sur la route. Cet incident m’en dit long sur la fatigue de nos officiers, mais il ne m’est pas possible de leur donner du repos.

Je finis par trouver des traces fraîches de roues dans un petit enclos, à quelques centaines de mètres de nos lignes, et c’est probablement là que les Allemands avaient amené leurs canons. Près de cet endroit, à la lisière Est d’un boqueteau criblé de balles, je vois quelques cadavres allemands dont l’un est encore à genoux et en équilibre, dans l’attitude où il a été tué d’une balle dans la tempe. Sur la route, dans le voisinage, je vois aussi deux charrettes que l’ennemi n’a pas eu le temps d’emmener, et qui sont chargées l’une de fûts de bière que je fais ramener dans nos lignes, l’autre de lapins morts qui exhalent une odeur pestilentielle et que je prescris d’incendier.

A 16 heures, j’apprends que les troupes belges ont dû évacuer Keyem trop fortement canonné par l’artillerie lourde allemande, mais qu’elles occupent toujours Beerst où l’on voit cependant plusieurs incendies. Le commandant de Kerros rend compte que l’ennemi ne tient pas Vladsloo, et qu’il a fait sa liaison avec la 4e D. C. à Zarren. Préoccupé par ce qui se passe au Nord, je lui envoie l’ordre de rentrer.

A 18 heures, j’apprends que le 2e corps de cavalerie a atteint Cortemarck et peut-être Roulers, puis que la 4e D. A. reprend l’offensive sur Beerst et Keyem, et enfin que sa contre-attaque a réussi.

A 20 heures, le général de Buyer, qui est à Zarren, me demande d’assurer sa sécurité en occupant Eessen et la route de Vladsloo. Je charge le bataillon Mauros de cette mission, mais en lui prescrivant de s’établir face au Nord, et j’en rends compte au Grand Quartier.