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Dans les trous sableux qui vont sur Saint-Gille,
Une vigne tord sa vrille fragile ;
Sur le champ voisin,
Un millet chétif dispute l’argile
A du sarrazin.

Le soir, on distingue un murmure étrange :
Un bœuf à l’étable, un van dans la grange,
Des abois — et puis
Le volet qu’on met, la herse qu’on range
Et le cri du puits.

Mais l’on cherche en vain, au pas de la porte.
Un enfant qui joue, un valet qui sorte
Ou le long profil
Mince et défendant du vent qui l’emporte
La coiffe de fil.

La maison se meurt contre sa barrière ;
L’on m’a dit son nom : la Grégoirière, —
Le nom reste bien,
Mais de ce Grégoire et de sa carrière
L’on ne sait plus rien !…

Son œuvre est muette, ainsi qu’une aïeule ;
L’âme du logis, pleurant sur l’éteule
Un ancien tourment.
Erre, au long des jours, désolée et seule.
Eternellement.

Rien n’est plus vivant, dans ce cadre vide.
Que la fleur de dune et le vent humide
Ou les goélands,
Liant au ciel bas la plaine liquide
Des marais salants.


DIMANCHE


Les sillons désertés où rien ne s’intercale
Dans l’uniformité de leur repli lointain.
Ont revêtu déjà l’âme dominicale
Sous le jeune matin.