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Sarre, malgré toutes les difficultés que le traité de paix impose à ce développement. Je suis aussi, et je vais dire bientôt, que certaines de nos mines saccagées recommencent ou vont recommencer bientôt à produire. Le haut prix du combustible aidant, nous ferons peut-être venir de la houille des pays les plus imprévus, de la Pologne, de l’Afrique du Sud, de la Chine. Mais qu’est-ce que cela dans un temps où tout doit être refait de fond en comble, où un pays entier est à reconstruire, à remeubler, à réoutiller, où les stocks universels ont été épuisés et où, par conséquent, même les moyens de production complets, qui auraient permis de satisfaire les besoins d’avant-guerre, seraient encore insuffisants ?

Pour bien montrer comment se présentent les difficultés auxquelles nous nous heurtons dans nos mines, je vais commencer par rappeler Les destructions commises et la volonté persévérante qui les a ordonnées ; nous verrons ensuite quel est le programme de réfection et dans quelle mesure son exécution est commencée. A cet égard, les diverses régions minières du Nord et du Pas-de-Calais ne sont pas identiques ; et, pour ne pas rester dans le vague des généralités, il sera nécessaire de procéder par quelques exemples particuliers. Mais, afin de ne pas multiplier des monographies qui deviendraient vite fastidieuses pour le lecteur auquel les noms de nos grandes mines ne représentent rien de précis, je crois devoir rappeler d’abord, dans l’ordre chronologique, ce qui s’est passé.


I. — LES DESTRUCTIONS SYSTÉMATIQUES

On sait assez dans quel état, nous avons retrouvé nos principales régions industrielles du Nord et de l’Est et j’aurais à peine besoin de rappeler des misères bien connues, s’il ne fallait préciser la différence de gravité entre les dommages de guerre et les destructions systématiques. Les premiers, qui se traduisent au jour par la pulvérisation, l’écrasement, l’annihilement des bâtiments et des machines, attirent surtout l’attention de celui qui vient visiter ces malheureux pays ; ils n’atteignent que la surface, et on peut les comparer à de larges plaies sur un blessé robuste. Les autres, au contraire, qu’on ne voit pas du dehors, dont les techniciens comprennent seuls l’importance, atteignent des organes internes, délicats et vitaux. Pour en faire