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Allemands de nous causer des ravages si difficilement réparables. Il leur a suffi de crever les cuvelages à 25 ou 30 mètres au-dessous du jour par quelques obus de gros calibre ou charges de dynamite bien placées contre cette digue facile, pour ouvrir un accès aux irruptions des eaux et forcer à recommencer, au moyen d’une nouvelle cimentation, ce fonçage si long et si coûteux. Le seul dénoyage d’une mine dont les cuvelages ont été crevés est, comme je l’expliquerai bientôt, un travail d’au moins deux ans, qu’il est impossible d’accélérer. C’est ce que nos ennemis savaient trop quand ils ont fait à notre industrie cette blessure si grave.

« Dans la plupart des cas, ont-ils dû avouer, on a fait sauter les cuvelages en attachant l’explosif au bout d’une forte poutre dont la longueur égalait à peu près le diamètre du puits. On descendait la poutre par deux cordes jusqu’à la profondeur désirée du puits et ensuite on lui donnait une position horizontale, de sorte que la charge explosive fût pressée de cette façon étroitement contre le cuvelage. »

Aux fosses 9 de Courrières, 8 et 8 bis de Béthune, on ne s’est pas contenté de simples brèches ; mais on a fait détoner de telles charges d’explosifs que l’éboulement s’est étendu jusqu’à la surface du sol, formant des entonnoirs de 30 mètres de diamètre sur l’emplacement des puits…

Dans le cas de l’Escarpelle, les Allemands ont même trouvé moyen de perfectionner encore leur œuvre de destruction en dérivant un canal vers l’une des fosses. Je dirai tout à l’heure avec quel esprit de méthode ces ravages nihilistes ont été accomplis à Lens.

Les dommages ainsi volontairement causés ont pu s’étendre, par les travaux souterrains, jusqu’à des mines non directement atteintes et même jusqu’à des fosses demeurées à l’abri de l’invasion. C’est ainsi que Béthune a subi de très fortes venues d’eau par les travaux souterrains de Lens, le jour où ceux-ci se sont trouvés inondés et, cela, malgré la présence d’un massif de protection qui sépare souterrainement les deux Compagnies, mais dont les fissures n’ont pas résisté à des pressions d’eau aussi anormales. Béthune s’est trouvée ainsi, pendant la guerre, amenée à épuiser 15 000 mètres cubes d’eau par jour et a dû aménager des barrages de précaution, non sans avoir à se défendre contre les efforts de l’ennemi qui alla jusqu’à lancer