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L’invasion de nos mines débuta le 24 août 1914 par Anzin ; mais c’est seulement quand commença la course à la mer que cette prise de possession s’accentua. Le 1er octobre, l’ennemi, progressant vers l’Ouest, prenait Aniche ; le 3, Courrières et Bourges ; le 4, Lens et Carvin ; le 6, Liévin. Puis le front se stabilisa pour de longs mois, suivant la ligne trop bien connue qui coupait Drocourt, Liévin, Courrières et Lens, comme le montre la carte ci-jointe. Dès ce moment, et quoique la région des grandes batailles ne fût pas là, mais plus à l’Ouest ou à l’Est, sur ces


CARTE DES CONCESSIONS HOUILLERES DU NORD ET DU PAS-DE-CALAIS


concessions voisines du front et exposées à un incident de guerre, l’ennemi saccagea les instruments d’extraction et les communications du fond avec le jour. Il coupa les câbles porteurs de ces cages d’ascenseurs qui circulent dans un puits de mine sur 7 ou 800 mètres de haut, précipita les cages elles-mêmes dans les puits, brisa les moteurs électriques ou à vapeur. Enfin, ce qui indique bien, dès lors, la visée industrielle pour l’avenir, à cette même époque les exploitants de Courrières et de Lens reçurent déjà la défense formelle de procéder à aucun travail d’entretien souterrain ou d’épuisement des eaux : travaux indispensables, comme nous l’avons vu, dans une mine arrêtée, si on ne veut pas que les galeries soient envahies par l’eau et s’éboulent. Néanmoins, pendant près d’un an, le mal resta limité et les déprédations consistèrent surtout dans la réquisition des cuivres, qui avait pour résultat de briser à coups de masse tout appareil contenant si peu que ce fût du précieux métal.