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de l’électricité s’impose, et toutes nos mines du Pas-de-Calais reconstituées vont désormais employer uniquement des moteurs électriques. L’installation de ces centrales n’a pas été réalisée avec toute la rapidité que l’on aurait pu désirer. Avant même la libération du Nord, la question avait été posée nettement à un de nos ministres particulièrement réputé pour ses connaissances industrielles. « Dès que les Allemands seront partis, nous aurons besoin de force. Nous avons vu nos ennemis poser, en quinze jours, pour des besoins militaires, des transmissions de 45 000 volts ; pouvons-nous compter sur une activité égale pour nos besoins civils ? — Mais évidemment… » Cela se passait en octobre 1918. Un an après, notre mine n’obtenait enfin la force que parce qu’elle s’était décidée à organiser son installation elle-même. Cette anecdote, qui ne surprendra personne, suffirait à montrer qu’il faut distinguer entre les projets grandioses et les réalisations.

En fait, les Compagnies les plus importantes se sont généralement orientées vers la création de centrales électriques considérables, dépassant 60 000 kilowatts et réalisables en plusieurs étapes. Quelques-unes d’entre elles, comme Béthune, Dourges, Aniche, Anzin, fonctionnent déjà et cèdent une partie de leur énergie électrique aux petites Compagnies voisines. Dans le Pas-de-Calais, l’ancienne centrale de Béthune avait échappé à l’invasion ; on y a installé des groupes supplémentaires, et, de cette manière, elle peut alimenter plusieurs autres exploitations. Sa puissance totale est de 25 000 kilowatts, dont elle doit par contrat une dizaine. Dans le Nord, la centrale d’Anzin a été la première réorganisée par la Compagnie elle-même. On va relier toutes ces centrales particulières entre elles et avec un réseau d’Etat à haute tension, qui apportera la force jusqu’à Paris. Grâce à ce système, chacune d’elles pourra économiser les machines de réserve qui lui seraient, sans cela, nécessaires, puisqu’au besoin, des centrales voisines pourront jouer, vis-à-vis d’elle, ce rôle de réserves.

Outillage. — La question de l’outillage est une de celles pour lesquelles les problèmes se posent le plus différemment, suivant le degré de destruction. J’en ai déjà donné un exemple’ en disant que les mines du Pas-de-Calais avaient rétrocédé une partie de leurs commandes à celles du Nord. D’une façon générale, dans le Pas-de-Calais, tout ayant été entièrement détruit,