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chevalements en fer, jadis l’orgueil des Compagnies… Mais nous avons déjà eu assez d’occasions de rencontrer ailleurs ces spectacles de détresse et je préfère insister sur le problème essentiel du dénoyage que j’ai réserve jusqu’ici pour en parler à propos de Lens.

Rappelons de quoi il s’agit pour préciser les difficultés insurmontables, qui empêcheront, pendant des années, le retour de nos mines à la vie normale. J’ai dit que l’eau venait des terrains de craie superposés au terrain houiller et qu’elle avait pénétré dans les chantiers de houille parce que les Allemands, en crevant les cuvelages au niveau de cette craie, avaient ouvert une communication entre les deux terrains, l’un aquifère, l’autre exploité par les chantiers de houille, que, dans l’existence normale de la mine, on s’attache essentiellement à disjoindre. Mais, pour les lecteurs auxquels cette situation de nos mines n’est pas connue d’avance, il est nécessaire de préciser.

Quand on creuse un puits de mine à Lens, on entre, presque au ras du sol, dans la craie fissurée et, dès que le puits a rencontré une de ces fissures, on se trouve envahi par l’eau. Le travail des pompes les plus puissantes deviendrait alors bientôt impuissant à épuiser ce flot envahissant et il faut, pour traverser cette zone dangereuse, employer des procédés de congélation ou de cimentage, qui sont ceux auxquels nous allons voir recourir pour réparer actuellement les puits. Grâce à de tels procédés, on traverse les 40 à 50 premiers mètres de craie et, lorsqu’à la base on rencontre la couche dite « la meule, » on commence à respirer un peu. Cependant, la passée difficile n’est pas encore finie ; on doit traverser de nouveau 35 mètres de craie plus compacte et moins aquifère (les bleus) pour atteindre enfin les argiles, « ou dièves, » qui forment, au-dessus du terrain houiller, un manteau imperméable, analogue à celui qui provoque le mécanisme connu des nappes artésiennes dans le bassin de Paris. Ce manteau protecteur des dièves empêche, à l’état normal, l’eau de la craie (située au-dessus) de pénétrer dans le terrain houiller (placé au-dessous). Mais, comme le but du puits est précisément d’atteindre ce terrain houiller et de le mettre en communication avec le jour, on est amené à crever les dièves. A l’état normal, cela n’a pas d’inconvénient. Le puits de mine est, nous l’avons vu, entouré d’un tube étanche en fonte ou en bois