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nationale et, en même temps, si généralement incomprise dans le public que je crois utile de l’exposer avec quelques détails, afin que le lecteur comprenne la nécessité où l’on est de faire les quatre opérations précédentes suivant l’ordre où je les ai énumérées, d’exécuter chacune d’elles dans des conditions qui demandent un délai irréductible et, par conséquent, de consacrer au moins deux ans pour le tout, sans qu’aucun effort puisse réduire sensiblement cette longue attente.

Il s’agit, nous venons de le voir, d’établir sous terre, depuis la superficie jusqu’à cent mètres de profondeur, dans la craie fissurée, un cercle absolument étanche autour d’un puits crevé et rempli d’eau, dans lequel on ne saurait pénétrer. La solution consiste à injecter par en haut du ciment dans toutes les fissures de la craie que comprend ce même bloc. Ce ciment y prend la place de l’eau, fait prise et, adhérant à la craie d’une manière remarquable, constitue un bloc hétérogène de craie et de ciment, bien compact, au centre duquel on pourra assécher le puits.

Pour cela, on fore, autour du puits qui peut avoir 5 mètres de diamètre, une dizaine de sondages situés sur une couronne circulaire de 12 m. 50. Dans chacun de ces sondages, à mesure que l’on s’enfonce, on fait des injections de ciment bien liquide et à prise suffisamment lente : par exemple, au début, tous les deux mètres, puis avec des intervalles plus espacés. Chacune de ces injections se chiffre par milliers de kilos : de 4 à 7 tonnes quand les fissures sont minces ; jusqu’à 10 à 15 tonnes quand elles sont très larges. Tandis qu’une des injections fait prise, on passe à la suivante. Des procédés ingénieux permettent de se rendre compte jusqu’à quelle distance le ciment s’infiltre, d’empêcher qu’il ne vienne sortir dans le puits, etc.

Au début, le ciment pénètre de lui-même sous la pression correspondante à la profondeur de l’injection ; plus tard, il faut exercer une action de refoulement. On arrive ainsi à consolider, autour de chaque sondage, un cylindre de 5 à 6 mètres de rayon et, quand ces cylindres se relient les uns aux autres, l’opération est réussie. Mais, en général, il faut recommencer ensuite le même travail sur une seconde couronne de sondages ayant un rayon plus petit. Au total, chaque puits peut absorber un millier de tonnes de ciment et demander trois mois et demi à quatre mois. On avait d’abord pensé faire exécuter ce