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C’est que les hommes ne sont pas habitués à voir la nature procéder avec cette brusquerie. Natura non facit saltus. Du moins on le croyait encore il y a peu, et depuis la plus haute antiquité. Et puis les étoiles qu’on appelle encore « fixes, » parce qu’elles sont à travers les brèves générations humaines comme des phares éternels, semblaient le symbole même de l’immobilité sereine, tant par leur position qui laisse intacte, des siècles durant, la forme des constellations que par leur éclat même, au premier abord invariable. C’est assez récemment que l’étude plus attentive du ciel, par les méthodes photométriques de l’astrophysique moderne, a montré qu’un grand nombre des étoiles soi-disant « fixes » varie plus ou moins d’éclat. Les unes diminuent lentement à travers les siècles, soit par l’effet d’un éloignement progressivement plus grand, soit parce que seulement elles s’obscurcissent et n’envoient plus à nos prunelles que « les restes d’une ardeur qui s’éteint. » D’autres au contraire augmentent progressivement d’éclat comme par l’action de je ne sais quelle force de jeunesse ardente qui les fait croître en vigueur rayonnante jusqu’au déclin, hélas ! inévitable.

D’autres encore, — et c’est le plus grand nombre des étoiles « variables, » — subissent, dans leur éclat apparent, des hauts et des bas, des oscillations, des fluctuations dont la durée et l’amplitude sont plus ou moins grandes, plus ou moins régulières aussi. Nous reviendrons quelque jour, ici, sur toutes les choses étonnantes qu’ont apprises aux astrophysiciens modernes l’étude aujourd’hui très raffinée des étoiles variables. Ce que nous avons voulu montrer seulement, c’est que l’esprit des astronomes est aujourd’hui plus préparé que jadis à ne plus s’étonner de l’apparition de quelque étoile nouvelle, de quelque Nova, comme on dit entre gens du métier. Car les astronomes sont, je crois, les seuls parmi les hommes de science qui aient gardé l’habitude, chère aux grands laborieux du moyen âge et de la Renaissance, de désigner en latin les objets de leurs études. Est-ce un bien, est-ce un mal ? C’est en tout cas fort commode et cela évite bien des ambiguïtés.

La plus anciennement signalée, — du moins celle qui a été la première observée scientifiquement, — des étoiles nouvelles semble avoir été celle que le célèbre astronome Hipparque découvrit dans l’été de l’année 134 avant notre ère dans la constellation du Scorpion.

Cette apparition extraordinaire décida le savant qui a mérité le titre de père de l’astronomie à faire le dénombrement des étoiles