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subordonnés, chefs et soldats, la flamme d’abnégation, la passion de résistance à outrance, et la confiance qui vous animent.

Toutes dispositions sont prises pour que l’offensive sur le front occidental soit déclenchée à une date aussi rapprochée que possible et étroitement calculée sur les nécessités d’une préparation sans laquelle l’attaque serait vouée à l’échec.

Qu’on relise cette lettre on y trouvera marquée, en traits dignes des circonstances, la hauteur d’esprit et la grandeur d’âme du général en chef. Plein de confiance dans le général Pétain, il l’attire en quelque sorte jusqu’à lui et fait, de l’union de ces deux volontés, un faisceau lumineux qui éclaire l’ensemble et jusqu’au moindre détail de l’immense entreprise.

En même temps, le général Joffre s’adresse aux soldats ; car il s’agit de gagner encore quinze jours et c’est le soldat qui porte le plus lourd du fardeau :

Je fais appel à votre courage, à votre esprit de sacrifice, à votre ardeur, à votre amour de la Patrie pour tenir jusqu’au bout et pour braver les dernières offensives d’un adversaire qui est maintenant aux abois.

Soldats de Verdun, le plan mûri par les conseils de la coalition est maintenant en pleine exécution. Soldats de Verdun, c’est à votre héroïque résistance qu’on le doit…

Dès le 19 juin, le commandant en chef informe le général Pétain qu’il va retirer progressivement de Verdun toutes les disponibilités possibles, pour alimenter les opérations prochaines de la Somme.

« Bien entendu, — dit-il, — vous devez prendre, sur le front de la 2e armée, toutes mesures pour tromper l’ennemi et prendre une attitude agressive. »

Se lève alors cette terrible journée du 23 où les Allemands dépassent Fleury.

De son quartier général, le général Pétain téléphone : « La situation est grave ; je vais à Souilly ; je téléphonerai à nouveau vers dix-neuf heures. Si l’ennemi atteint la ligne de contre-pente, il faudra songer à passer sur la rive gauche, la décision sera à prendre trois ou quatre jours avant l’exécution du mouvement. »

Mais, déjà, vers seize heures, Verdun téléphone : « L’état moral à Souilly est calme. La situation est sérieuse ; mais on tiendra sur la rive gauche. »