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Soit qu’il ait pressenti le danger qu’il courait en laissant à ses adversaires leur complète liberté d’action, soit qu’il ait voulu tenter de finir rapidement la guerre par la mise hors de cause définitive d’une des nations Alliées, l’ennemi a profité de l’attitude défensive observée par les armées alliées dans la majeure partie de leurs secteurs respectifs pour reprendre l’initiative des opérations.

C’est ainsi que, dès le 21 février, il entreprenait contre l’armée française la puissante offensive de Verdun et qu’il déclenchait au début de mai ses attaques contre les Italiens.

Cependant, en dépit des efforts des armées allemandes et autrichiennes, le plan de développement général des Alliés, arrêté dans ses grandes lignes aux conférences du 6 décembre 1915 et du 12 mars 1916, se poursuit logiquement.

Tandis que les armées françaises retenaient sur la Meuse toutes les disponibilités allemandes et que 15 divisions autrichiennes tentaient d’obtenir, contre l’Italie, un succès définitif, les armées russes et anglaises se mettaient en mesure de passer à leur tour à l’offensive dans les meilleures conditions.

Conformément au programme établi, les Russes entreprenaient au début de juin, leurs premières attaques contre les armées autrichiennes. Vous savez le succès considérable de ces opérations préliminaires.

La deuxième phase de leur offensive va commencer, sur le front de leur groupe d’armées du Centre, avant la fin du présent mois.

Dans le même temps, à la date du 29 juin, les armées britanniques attaqueront sur le front Nord de la Somme. Leur offensive, qui doit comporter la mise en œuvre d’environ la moitié des grandes unités qui sont actuellement en France (c’est-à-dire 26 divisions), se déclenchera sur un front de quelque 25 kilomètres, entre Gommecourt et Maricourt.

Afin de coopérer dans la plus large mesure possible à l’action des forces anglaises et d’être à même d’exploiter avec elles un succès étendu, j’ai groupé sous les ordres du général Foch, toutes les disponibilités en grandes unités et en artillerie lourde dont notre situation à Verdun n’a pas exigé l’emploi sur la Meuse.

Bien que, depuis le début de cette bataille, j’aie dû donner au général Pétain un total de 65 divisions, l’appoint des forces françaises à l’offensive de la Somme sera important. L’attaque du général Foch s’étendra, en effet, de Maricourt à Faucaucourt, sur un front de 12 kilomètres environ. Elle comportera la mise en œuvre initiale de 14 divisions ; elle sera entreprise à la même date que celle des années britanniques et en liaison étroite avec elles.

L’offensive des armées franco-anglaises se déclenchera donc sur