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NOS ENQUÊTES

L’ÉPREUVE DE LA POLOGNE

I
PROBLÈMES POLITIQUES

Quand je suis arrivé en Pologne, — où j’étais envoyé par la Revue, — à la fin de mai, l’armée du maréchal Pilsudski venait d’entrer dans Kiew et d’occuper, presque sans coup férir, une partie de l’Ukraine : le peuple de Varsovie, tout a l’ivresse de sa première victoire, chantait le Te Deum, dételait les chevaux du chef de l’Etat et le reconduisait en triomphe jusqu’au Belvédère. Deux mois plus tard, les hordes rouges étaient aux portes de la capitale ; les gares de chemin de fer étaient encombrées de fuyards ; dans les rues, le long cortège des volontaires défilait en silence. A l’éphémère et malencontreuse victoire avait succédé la débâcle ; à peine ressuscitée, la Pologne était en danger de mourir encore une fois. Les diplomates étrangers prononçaient, en hochant la tête, les formules sinistres de « Finis Poloniæ » et de « quatrième partage. » Mais déjà le général Joseph Haller avait pris le commandement d’une armée de volontaires, et le général Weygand s’installait au palais Raczinski, apportant à nos alliés en péril le concours de son génie militaire et le réconfort de sa magnifique énergie.

Lorsque je quittai la Pologne, aux premiers jours d’août, le « rétablissement » était à peine commencé ; mais la confiance était revenue tout entière. Mieux vaut dire que le peuple